Living With War « In The Beginning », mais qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Déjà sorti en milieu d’année 2006, ce pamphlet anti-Bush avait tenté de réveiller une Amérique groggie par six ans d’un gouvernement républicain aux méthodes plus que contestables. L’enregistrement s'est déroulé en neuf jours puis le Loner s’en est allé à L.A. pour enregistrer un chœur de cent personnes qui s’ajoutent aux refrains et autres passages du disque. Ceci alourdissant la sauce et allant jusqu’à créer un décalage un peu ridicule entre d'un côté les propos bruts de l’auteur et le jeu à chaud des musiciens lors des sessions studios et, d'un autre côté, le travail effectué avec ce fond gospel en rajout.
Le propos est brut, la musique doit le soutenir. Le tir semble rectifié avec cette nouvelle mouture. Living With War est redevenu le meilleur vecteur d’un protest album de pur rock. Le son est gras, la batterie lourde, la guitare acerbe, la voix est prise dans l’urgence et l’on redécouvre un disque que l’on pensait moyen, voire pesant. L’essence du message de Neil Young prend ici toute sa dimension, les nerfs à vif et aucun moment de répit. On entend les meilleurs moment d’un Ragged Glory ou d’un Mirror Ball, décliné avec une production à la Year of the Horse. Avant noyé sous les chœurs, l’ensemble des musiciens retrouvent une place de premier plan, vulnérables et percutants.
Quant aux paroles, Neil a fait scandale en proposant de destituer le président Bush pour avoir menti en envoyant le pays en guerre, pour espionnage du peuple (le fameux "Patriot Act") et pour détourner la religion pour se faire élire. Il recherche donc un leader et « Maybe it’s a woman / Or a Black man after all », on ne pourrait être plus à -propos. En tous les cas un président qui éviterait de ramener "Thousands of bodies in the ground / Brought home in boxes to a trumpet's sound" le jour de la mission accomplie scandée par Bush.
Un album à redécouvrir dans son intégralité tant l’aspect brut de décoffrage et urgent en fait un des meilleurs protest album depuis des lustres. Il est quand même étonnant qu'un bonhomme de 60 piges s'en vienne prendre sa guitare de pèlerin pour tenter de réveiller son monde en donnant son avis au nez et à la barbe d'un peuple bien pensant et d’un gouvernement corrompu.
Pour accompagner l'album, un DVD comprenant les répétitions de chaque titre accompagné ensuite de leur version imagée (image de guerre, de Bush, de cercueil, d'anciens présidents, etc.) en version "avec chœur"; deux interviews; deux titres d'archives en concert dans les eighties; biographies et autres textes. Un bien beau supplément pour illustrer cet album qui, débarrassé de ses chœurs encombrants, redevient indispensable.
Play this fuckin' loud!
- le sto, le 23 02 2007