"The Archive"...voilà le terme employé pour qualifier la somme titanesque de chansons et de concerts inédits que Neil Young nous promet depuis plus de 15 ans maintenant. En marge de cette méga-archive (4 box sets prévus pour l’automne 2007 !), il y a la "Performance Serie", dont certains CD’s sortiront en bonus des albums de la série "Archive", et d’autres séparément comme ce Live at the Fillmore East. Et au cas où ça serait pas assez compliqué, ce live est numéroté comme étant le deuxième de la série. Quel est le premier ? Seul Neil Young semble le savoir...et ce n’est pas son site internet qui nous en apprendra beaucoup.
Live at the Fillmore East est le concert de la tournée pour Everybody Knows This is Nowhere en 1970, soit à peine un an après la sortie du disque, et deux ans avant la mort par overdose du guitariste du Crazy Horse Danny Whitten. Cette année-là , Neil sort d’une tournée triomphale avec Crosby, Stills Nash & Young, mais refuse de laisser tomber son Crazy Horse pour la tournée. Justement, ce groupe-là est critiqué, les musiciens sont pris de haut, et certains ne jurent que par le raffinement de CSN&Y. Le Crazy Horse est totalement à l’opposé de ces esthètes : lourd, mécanique et métallique, du brut de décoffrage parfait pour le Loner et sa guitare.
L’un des attraits principaux de ce concert, disons même le point essentiel, est la présence du guitariste rythmique Danny Whitten, également très bon aux backing vocals, prenant même les devants sur l’irrésistible "Come on Baby Let’s go Downtown". Son inventivité et la variation de son jeu en font le partenaire de jeu idéal pour la guitare de Neil Young, et ainsi, même sur les 12 et 16 minutes de "Down By The River" et "Cowgirl In The Sand", les deux hommes ne se répètent pas, arrivent à passionner leur auditoire jusqu’au bout. Il y a aussi la rythmique très efficace de Ralph Molina (batterie) et Billy Talbot (basse). Cerise sur le gâteau, on notera la présence de Jack Nietsche à l’orgue, qu’on n’entend pas très souvent mais qui participe activement à la rythmique, agissant comme une bouffée d’oxygène dans cet océan de guitares.
Quelques points négatifs cependant : le concert a été édité, et toute la partie acoustique supprimée (certains disent que la qualité du son était trop mauvaise, d’autres que les enregistrements ont été volés !). "Cinnamon Girl", présente sur d’anciens bootlegs de ce concert, a aussi été coupée, on ne sait pas trop pourquoi, ce qui donne au final un concert plutôt bref (6 titres et 43 minutes). Reste en bonus le DVD de ce concert, succession de photos sur la musique de concert (et non pas le film du concert) qui n’apporte pas énormément.
Le choix des morceaux reste heureusement très bon, à côté des monumentales jams sessions de "Down By The River" et "Cowgirl in the Sand", on retrouve "Wonderin’" ou "Winterlong", deux chansons qui ne seront enregistrées que bien plus tard. Live at the Fillmore est un disque rugueux et intense, une ode à un backing band à son zénith, pour un résultat plus proche de Ragged Glory que de Live Rust. Toute résistance est futile devant un concert de rock de ce calibre...
- JP, le 10 12 2006