Avec Labyala Nosfell, c’est dans un univers particulièrement envoûtant que l’on nous offre d’entrer. L’univers du conte fantastique mis en musique, l’univers créé par ce «Nostrum Fellow», ou plutôt le monde dont il vient et où il repartira, après nous avoir fait partager les légendes de cette île mystérieuse qu’est Klokochazia, pays géré par son histoire. Nosfell serait le fils de l’une des sept forces fécondes de l’île, entités capables de s’autogénérer et… c’est à peu près tout ce qu’on sait de lui !
Le pire, c’est qu’en le contemplant sur scène, accompagné de son fidèle violoncelliste Pierre Le Bourgeois, on serait prêt à le croire sur parole, tellement il à l’air de venir réellement d’ailleurs, d’une contrée de création pure, d’un pays entièrement dévoué à tisser des mélodies et des arrangements d’une beauté venue tout droit d’un temps mythique. Le jeune homme se meut en dansant d’une façon instinctive et gracieuse, avant d’empoigner sa guitare et de nous épater avec sa voix de caméléon, offrant une tessiture large et harmonieuse, s’exprimant tant en anglais qu’en klokobetz, langue que Nosfell a inventée et qui est constituée d’un vrai vocabulaire et de réelles règles grammaticales. C’est bien vers le fantastique à la Tolkien que l’on nous emmène, vers un monde qui se crée, existe et se maintient par lui-même.
De prime abord, pourtant, le matériel déployé n’a rien d’impressionnant : voix, guitare et violoncelle. Mais de ses bases simples, les deux musiciens vont parvenir à construire des morceaux aux mélodies extrêmement riches et subtiles, certaines fois proches de la musique traditionnelle, d’autres fois plus influencés par le folk-rock ou par des sons plus récents. Nosfell va ainsi superposer grâce à la technique de l’autosampling, différentes boucles de voix-guitare, de chœurs aigus – qui nous font d’ailleurs beaucoup penser à Sigur Ros – ou encore de sons buccaux (style human beatbox), pour élaborer une musique toute en nuances, parfois inquiétante («Shaünipul»), ou alors proposant des titres à l’énergie dangereusement contagieuse («Gouz Mandamaz»), toujours entiers et parfois sublimes (les imparables «Your Servant to the Ground» et «The Wise Left Hand»). A posséder absolument !
[Morceaux à télécharger:
- «Gouz Mandamaz»
- «Sladinji the Grinning Tree»
- «Mindala Jinka»]
- yak, le 6 11 2006