Il y a quelque chose d’intemporel dans la musique écrite par Magnolia Electric Co. ; les dernières productions du groupe (What comes after the Blues ; le Ep Hard to Love a Man) possédaient une fraîcheur juvénile associée au folk à la fois classique et classieux, issu en ligne droite du loner, eh oui, toujours lui : Neil Young.
Loin d’une révolution, ce Fading Trails ne déroge pas à cette orientation. Mais toutefois quelque chose semble avoir changé dans l’écriture : Jason Molina possède toujours cette voix parfois brisée belle à en pleurer, il surfe encore sur le spleen jamais résorbé des pertes, des départs et des abandons. Par contre, les compositions touchent ici plus directement à l’essentiel, sans artifices (tout comme le dernier opus solo de Molina, Let me go, let me go, let me go). A l’image de l’entrée en matière sur la pointe des pieds («Don’t Fade on Me») qui peu à peu prend ses aises et aère ses guitares, on se sent cocooné et bien décidé à s’enterrer pour une hibernation douce, laissant à regret la lumière scintiller pour d’autres. Mais après ce premier titre réussi, on attend…
L’album atteint un pic glacé en son milieu («The Old Horizon» et son piano qui ne mène nulle part), suscitant une désespérance digne des Songs:Ohia les plus noirs (Réécoutez Ghost Tropic pour retrouver ce sentiment si particulier). Steve Albini a en effet déserté la production depuis deux titres, et l’atmosphère s’en trouve totalement changée. Le passage par les mythiques studios Sun de Memphis (Johnny Cash, Elvis Presley) ramène ensuite des oubliettes l’âge d’or de la country pour deux titres intemporels avant la mise à nu totale : deux confessions âpres enregistrées par le seul Jason Molina et sa guitare.
Plus sage que ses prédécesseurs, ce Magnolia Electric Co. laisse à l’auditeur encore davantage ce sentiment de facilité…trois accords, deux bridges, des mots universels…ce qui en devient presque énervant. Fading Trails n’a hélas pas tout le brillant qu’on espérait même s’il reste un bon album de folk-rock. On veut davantage de risques, Môssieur Molina !
- runeii, le 24 10 2006