Après un disque intimiste évoquant l’âge d’or de la radio (Transistor Radio), M. Ward a invité le groupe qui l’accompagne depuis des années en tournée pour enregistrer Post-War. Comme son nom l’indique, ce disque est l’incarnation sonore de la rédemption et de l’espoir après la destruction. Les innombrables tournées ont joué un rôle important dans l’évolution artistique de M. Ward ; "To Go Home", reprise de Daniel Johnston jouée sans cesse sur scène en est une belle illustration : difficile de rester de marbre à l’écoute de cette ligne de piano et de ces rythmes si entraînants. Ce qui frappe également d’entrée sur la magnifique mélodie de "Poison Cup", ce sont les orchestrations classiques (violons, percussions) qui achèvent de différencier Post-War de ses prédécesseurs.
Les chansons sont brèves, il n’y a aucun temps mort, on a l’impression de revivre la glorieuse époque où le rock’n’roll se jouait sans entrave, à l’instinct. Malgré cela, il y a beaucoup de travail derrière Post-War : limité à l’essentiel (moins de quarante minutes), avec des orchestrations classiques en introduction, des morceaux beaucoup plus directs formant le coeur de l’album, avec comme générique de fin le somptueux "Afterword" qui retrouve des violons. Malgré une évidente volonté d’immédiateté, Post War est d’une richesse musicale incroyable qui se révèle au fil des écoutes - une deuxième guitare en arrière-plan, un choeur discret qu’on n’avait pas remarqué jusqu’ici ou encore quelques notes d’orgue.
Beaucoup d’influences sont injectées dans cette musique, des accents surf rock, un esprit rock’n’roll, une musique folk dans le vrai sens du terme, profondément ancrée dans son temps et accessible à tous. Ajouter à cela un timbre de voix unique et un grand guitariste, et vous obtiendrez une musique qui démarque irrémédiablement M. Ward du reste de la vaste production néo folk ou indie rock actuelle.
Post-War consacre l’avènement d’un groupe de folk/rock habitué à jouer ensemble et permet à Matt Ward de se renouveler une fois de plus, d’élaborer un son plus personnel que jamais. Chacun de ses albums est distinct du précédent - combien d’artistes pourraient en dire autant ? - et celui-ci est peut-être le plus abouti de sa carrière, en tout cas le plus jouissif.
- JP, le 21 08 2006