Harvey, Mick > One Man's Treasure

One Man's Treasure
8.2005
Notation
Rock   Folk

Multi-instrumentiste qui se joue des ombres, arrangeur cultissime qui transforme ce qu’il touche en harmonie, Australien déraciné qui erre sans fin… Que de noms pourrait-on encore donner à l’âme des Bad Seeds de Nick Cave, Mick Harvey, qui sait trousser sans nulle autre pareille une mélodie imparable pour son leader, année après année depuis plus de 25 ans ! Malheureusement, son talent se conjugue aussi à une discrétion peu commune : songez qu’il n’en est qu’à son 3ème véritable album solo en plus de 20 ans de carrière avec les Bad Seeds (plus quelques années de Birthday Party et de Boys Next Door en fin des 70’s).

Et pourtant, malgré la rareté de ses apparitions, chacune de ses créations nous laisse l’impression durable d’un travail peaufiné et abouti, alliant classicisme et hautes qualités de songwriting. «Intoxicated Man», son premier album composé uniquement de reprises de Serge Gainsbourg, étonnait déjà par sa maturité et la qualité de ses arrangements de cordes. On découvrait un chanteur en plus du musicien de talent : son ton mi-désabusé, mi-ironique faisait honneur à l’homme à la tête de chou, tout en renouvelant l'oeuvre parfois de manière étonnante.

Aujourd’hui, «One Man’s Treasure», comme son titre l’indique, est une mine d’or de reprises plus ou moins connues (Tim Buckley, Jeffrey Lee Pierce entre autres), mais aussi d’originaux. Folk, country et rock s’y mélangent avec brio. En lien avec son travail de longue haleine sur plusieurs BO de films, on retrouve des arrangements de cordes classiques qui n’ont rien à envier aux meilleurs Tindersticks («First St-Blues» de Lee Hazlewood, et aussi «Come into my Sleep» reprise de l’incontournable Nick Cave). Cinématographique, donc, romantique et parfois plus torturé ("Demon Alcohol"), Mick Harvey nous conconcte des hymnes à la renaissance et à la chute de l'homme dans la grande tradition des raconteurs d'histoires infatigables du folk.

Pour convaincre les derniers indécis de la qualité de l’oeuvre, mentionnons l’étincelant et fragile «Man without a Home», l’une des deux (!) seules compositions personnelles de Mick qui surpasse tous les autres titres, l’Australien se mettant enfin à l’écriture. Ce point d’orgue (ou pied de nez, c’est selon) nous fait ardemment souhaiter que Mick Harvey prenne plus souvent congé des Bad Seeds et garde un peu de son talent pour lui tout seul.

- runeii, le 17 10 2005