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A River Ain't Too Much To Love
5.2005
Notation
Rock   Folk

Smog est avant tout le groupe de Bill Callahan, songwriter à la voix grave et reconnaissable entre toutes. A River Ain’t Too Much To Love sorti mi-2005 est déjà le douzième album de ce groupe qui a passé la plupart de sa vie dans l’ombre. J’avais lu quelques bonnes chroniques de ce disque ici et là, mais rien ne m’avait préparé à la claque que cet album représente, de la première à la xième écoute. A River Ain’t Too much To Love est une oeuvre d’une grande profondeur, plein de sens et d’émotion. C’est un album impossible à écouter en musique de fond, qui s’impose de lui-même et ne vous laisse aucun répit. Aujourd’hui encore je ressens une légère appréhension avant de le mettre dans le lecteur, car c’est un disque de poids.

Folk/Rock hanté, son brut et chaud comme la voix de Bill Callahan, paroles faciles à comprendre mais lourdes de sens, ce disque entraîne irrémédiablement l’auditeur dans des labyrinthes où la noirceur la plus totale se dispute avec une pointe d’humour acide. Il est difficile de ne pas s’identifier aux thèmes récurrents de cet album - âme d’enfant et perte de l’innocence (la reprise du traditionnel "In the Pines" et "Drinking at the Dam"), nostalgie, et cette rivière omniprésente ("Say Valley Maker" et l’exceptionnelle "Rock Bottom Riser"). La simplicité et la puissance des mots de Callahan vont droit au coeur.

Musicalement, on a affaire à un équilibre assez subtil entre folk et rock, avec guitares/batterie/basse et quelques touches mélodiques au piano, dulcimer, violon et autres flûtes qui apportent énormément. Evoquant la nature et les grands espaces, la musique reste minimaliste et directe, basée avant tout sur le jeu de guitare de Callahan.

Le fait est qu’on ne s’ennuie pas une seconde sur toute la durée du disque. On reconnaît un bon disque lorsque sa fin vous surprend et vous donne envie de recommencer à nouveau, voire de remonter le temps vers les albums précédents. Smog fait assurément partie des très grands - même si beaucoup me diront que ce n’est pas nouveau ! Ce disque fut l’occasion rêvée de combler cette lacune.

- JP, le 26 07 2006