La formule est simple, presque caricaturale : une guitare, parfois un banjo, un peu de steel guitar, quelques battements de pied ou de main, et une voix. Mais quelle voix, mes amis. Sortie tout droit d’un passé révolu évoquant un chœur de gospel, Alela Diane ne laissera personne indifférent. Sa voix est habitée, langoureuse, hantée par une force occulte – divine ou diabolique – qui parle directement à l’âme de l’auditeur, le laissant à sa merci.
La pochette est en adéquation avec l’œuvre : évoquant des traditions ancestrales, The Pirate’s Gospel est un disque des plus intemporels, qu’on ne peut pas vraiment ranger aux côtés des innombrables dark folkeuses. Il ne vous laissera pas abattu ou mélancolique, car il possède un petit quelque chose d’inébranlable, peut-être la force positive du blues ou la foi propre au gospel. Il rayonne parfois d’insouciance, avec les rires étouffés de "Something’s Gone Awry", ou le chœur d’enfants sur "Pieces of a String", même si joie et tristesse sont souvent les deux faces d'une même pièce. A l’opposé, la ballade mortuaire "The Rifle" est une perle de songwriting noir qui a valeur d’épitaphe.
Déconcertante de naturel, Alela Diane chante comme elle respire ; sa voix semble être le prolongement naturel de son âme. Et même dans ses moments les plus sombres, The Pirate’s Gospel reste plein d’espoir, d’une légèreté absolue.
Révélée sur la compilation Even Cowgirls Get the Blues plus tôt cette année, Alela Diane Menig a sorti ce premier album en 2004 aux Etats-Unis, pour un public confidentiel. On remerciera donc au passage le label Fargo d’avoir permis au Vieux Continent de découvrir cette artiste.
- JP, le 19 11 2007