Ce deuxième album du troubadour B’eirth se voit aujourd’hui remasterisé et réedité chez Shayo pour notre plus grand plaisir, tant il est vrai que l’œuvre de ce grand magicien du folk est indispensable à tout amateur de cordes acoustiques. Composé entre 1994 et 1996, The Twin Trees retourne en arrière dans le temps depuis Hazel Steps througn a weathered Home (première réédition l’an passé toujours chez Shayo): l’oeuvre est cette fois-ci foisonnante (75 minutes), véritable plongée en territoire vierge, forêt inviolée où demeurent elfes, lutins et légendes médiévales.
Paisible et dégageant une certaine aura imprégnée de mélancolie (sensibilité qu’on peut retrouver chez un Nick Drake), le folk du multi-instrumentiste est habillé d’une multitude d’atours parfois expérimentaux, destinés à rendre les chansons véritablement habitées. Field recording (enregistrements naturels de sons en tous genre), usage d’instruments à tonalité indienne ou médiévale (grelots, clochettes, gongs, cithare, percussions diverses, et autres instruments pour beaucoup inconnus) rendent des titres comme «Stone Song III» ou «The Twin Trees» très proches du psychédélisme folk que Current 93, Tanakh ou Hala Strana cultivent aujourd’hui. L’aspect sylvestre de cette ode aux «arbres jumeaux» se veut encore renforcé par l’omniprésence de flûtes, B’eirth contant dans la plus pure tradition anglaise les charmes d’une déesse («Lady beyond the River») ou les mystères enfouis de l’enfance («One silver Ring»).
Ce second opus est une réussite véritablement propice à l’émerveillement, juste équilibre de tendances musicales et culturelles diverses. Avec presque dix ans d’avance, ce baba remettait le folk à l'honneur dans un quasi anonymat, justice lui étant rendue aujourd’hui. A noter en bonus «Still Water Bonne», exquise balade délicatement parée d’accordéon, plus proche du format folk pur que développera par la suite «Hazel Steps…».
- runeii, le 30 05 2006