Longtemps qu’on n’avait pas entendu du rock alliant avec bonheur énergie, sérieux et un brin de complexité, enjambant généralement sans faute les embûches qui pourraient en découler. Et cela sans aller chercher plus loin que Monthey, où dès 2003 Phoniques enchaîne deux premières démos, puis accouche en avril 2006 d’un EP co-produit par un membre de Water Lily : le bien nommé First Draft.
Comme leurs compatriotes de To The Vanishing Point, ou plus loin l’emo-indie de Juno, l’approche du quatuor se veut multiple : titres denses aux guitares tranchantes et rythmiques solides, soutenant sans faillir les revendications en anglais d’un chanteur à la présence vocale indiscutable.
Puis, sans qu’on y prenne garde, plusieurs escalades mélodiques surviennent, où les guitares en appellent à un décollage progressif. Le très beau «Pop goes the cherry» met les voiles sur un post-rock de huit minutes qui n’est pas loin de nous évoquer le meilleur de Beautiful Leopard. Toutefois, même si First Draft laisse s’aérer avec brio certaines compos, la maîtrise de la ligne générale de l’œuvre reste assurée : on reste en territoire rock.
C’est de la balance entre ces deux tendances que réside d’ailleurs la saveur de ce First Draft. Alors c’est sûr, ces cinq titres ne sont qu’un début, certes prometteur, qui sera amené à être confirmé par la suite. Sans nul doute que les prestations sur scène de Phoniques nous ouvriront les yeux sur la voie qu’ils choisiront de poursuivre.
- runeii, le 18 04 2006