Pour ce deuxième album, successeur du magnifique Growing Green, Mauri Heikkinen a changé radicalement d'approche : enregistré en quelques mois, Snow on Moss on Stone se veut plus léger, moins possédé que son prédécesseur, ce qui est perceptible des les premières notes. Pris de doute et d'effroi, on vérifie qu'on a mis le bon disque dans le chargeur. La voix est différente, le ton également : "Bakery" fait l'effet d'une chanson rustique chantée avec humour et dérision autour d'un feu de camp, accompagnée d'une simple guitare sèche. "Treehouse" durcit le trait, frisant l'auto parodie, Mauri alternant voix grave et aiguë, à la limite du mauvais goût.
Sur la majeur partie de l'album, on retrouve cependant un style plus posé, réflectif, chant murmuré évoquant la beauté tranquille d'un paysage. Le cinquième morceau ("Good Old Odd Gold") est la première incursion dans de nouveaux territoires, sortant du schéma guitare sèche/voix. Un accordéon et une batterie virevoltent sur une mélodie enjouée, pleine de magie. Dommage que le morceau reste instrumental, ce qui laisse un goût d'inachevé. Le deuxième morceau instrumental est exécuté entièrement au piano, dans un style très minimaliste, plaisant mais pas vraiment abouti. Mauri se paye même le luxe d'être pénible sur "Off you go all Authors", hurlant comme un mec bourré à la fermeture des bars, accompagné de deux notes d'accordéon.
Quand le disque se termine, il ne reste pas grand-chose de mémorable, Snow on Moss on Stone sert surtout à souligner à quel point Growing Green est exceptionnel. Peut-être que les conditions d'enregistrement de ce dernier (longue période, adolescence, grands changements) ont imprégné ces chansons de ce supplément d'âme et de relief qui manquent cruellement à Snow on Moss on Stone. Espérons que Mauri prendra tout son temps pour son prochain album, qu'il livrera du plus profond de ses tripes.
- JP, le 10 04 2006