Premier disque réunissant le trio de base de Friends of Dean Martinez sans musicien additionnel, Lost Horizon est le dixième album du groupe en dix ans, ce qui témoigne d’une belle longévité où la qualité des compositions égale leur quantité. Moins d’une année après Random Harvest, dont l’enregistrement fût plutôt long et difficile, Lost Horizon se veut plus brut, moins retravaillé, réunissant simplement la guitare et les claviers de Bill Elm, la guitare de Mike Semple et la batterie de Andrew Gerfers.
On retrouve sur cet album le rock instrumental digne d’une musique de film caractéristique de Friends of Dean Martinez, avec pour toile de fond le désert, alternant menace et apaisement, calme et tension, mélangeant savamment ces contraires. Peu de musiques sont aussi évocatrices et le dépaisement est assuré, la déconnection avec la réalité aussi. Mais alors que certains albums comme A place in the Sun et Under the waves possédaient une thématique très forte à l’instar d’un film, Lost Horizon est plus décousu, suite de morceaux réutilisant avec plus ou moins de bonheur des concepts élaborés lors de leurs précédents albums. Reprenant le titre d’une chanson de l’excellent Random Harvest - Lost Horizon, justement - Bill Elm et consorts se permettent également une reprise de....Friends of Dean Martinez - "Dusk", l’une des pièces maîtresses de l’album précédent, qui n’apporte pas véritablement de nouveauté et fait un peu figure de remplissage.
Lost Horizon comporte aussi quelques perles qui l’empêche de sombrer définitivement - "Somewhere over the waves", ballade venimeuse menée par une mélodie à l’orgue d’une nostalgie infinie qui nous prend aux tripes. Dans l’enchaînement, "All in the golden afternoon" mérite également une mention, le calme après la tempête, deux guitares dessinant avec douceur un horizon retrouvé. Cependant, dans l’ensemble, Friends of Dean Martinez nous avait habitués à beaucoup mieux. Lost Horizon représente peut-être un album de transition avec ce nouveau line-up, même s’il est toujours difficile de succéder à une discographie d’un niveau aussi élevé.
- JP, le 12 11 2005