Calexico / Iron & Wine > In the Reins

In the Reins
9.2005
Notation
Rock   Folk

Difficile pari que de réunir deux pointures telles que Calexico, qu’on ne présente plus ici, et Iron & Wine, écrin de Sam Beame, natif floridien qui raconte le Sud américain en version lo-fi depuis 2002 et « The Creek Drank the Cradle ». On imagine Calexico et son armada morriconesque de cuivres, steel guitars et choristes latinos face au seul Sam Beame : duel inégal, et pourtant…

Tout d’abord, les 7 titres de ce EP ont été écrits par l’homme d’Iron & Wine ; les talents d’arrangeurs de Joey Burns et John Convertino, noyau dur de Calexico, ont ensuite fait le reste. Résultat : on obtient quelque chose à mi-chemin entre les deux groupes, les influences de l’un sur l’autre produisant quelquefois une entité complètement nouvelle. Ainsi, Calexico n’a ici jamais été aussi retenu dans son usage des espaces sonores, souvent incroyablement riches (voir le dernier « Feast of Wire »).

L’ouverture par « He lays in the reins » en est une illustration : Joey Burns raconte des chevauchées épiques sur un ton intimiste, fixé sur un confortable groove de basse acoustique. L’usage de la Steel Guitar y fait merveille, seules quelques touches sont nécessaires afin d’ouvrir la chanson aux grands espaces. Autre surprise : un couplet en espagnol surgit au centre (merci à M. Valenzuela) pour nous faire passer allégrement la frontière mexicaine.

On voyage aussi avec « A history of lovers », une cadence bluesy et plus rock’n’roll du meilleur effet où on vire clairement dans une zone balisée par Sam Beame. Les fautes de goût existent, malheureusement : « Prison on route 41 » est une ballade poussiéreuse qui devrait se ranger sur une face B de Calexico ; « Red Dust » n’apporte pas grand-chose de nouveau au country-rock et s’oublie vite. On retiendra surtout le dernier titre apaisé et parfaitement exécuté, où les deux groupes semblent se retrouver entièrement comme une seule et même famille.

Difficile donc de créer un groupe unique de deux super-groupes. On obtient rarement plus que la somme des parties ; « In the reins » n’échappe pas à cette règle dans l’ensemble, même s’il brille par plusieurs titres particulièrement réussis. La collaboration est amenée à se poursuivre ; gageons que le mélange ira en se bonifiant.

- runeii, le 1 10 2005