Sacré meilleur nouveau groupe anglais par le célèbre magazine anglais NME, les très controversés Libertines ont, en l’espace d’un seul album, donné un coup de jeune au rock’n’roll et convaincu les musicos blasés que non, tout n’est pas perdu. Le groupe, formé à Londres et signé en 2001 sur Rough Trade accouche difficilement de leur premier album aux côtés de Bernard Butler et du grand Mick Jones (les prises de tête et les drogues ont largement contribués au retard pris concernant sa réalisation). Et quel album !
A première vue, on pourrait s’attendre à une succession de riffs saturés sur un flot de paroles dénuées de mélodie, quelque chose de brutal sans profondeur ni signification quelconque, bref ce que font en gros la plupart des groupes qui se disent rock. Si en plus on prend en compte les déboires du groupe affichés tels des trophées dans les pages people de nos magazines, y a de quoi s’inquiéter. La méfiance est légitime et l’espoir énorme, heureusement, ce groupe là ne nous décevra pas !
Le lavage de cerveau commence par un Vertigo dont la mélodie légère et le rythme entraînant nous fait comprendre d’entrée de jeu que l’on a à faire à quelque chose de plus subtile que prévu, et notre intuition cette fois ne nous trompera pas. Chaque morceau possède sa mélodie pop et son lot de riffs punk : Death on the stairs, Horror show, Time for heroes… Sans jamais s’essouffler, nos deux libertins nous embarquent dans leur univers que l’on devine chargé de mélancolie et de fragilité malgré une apparente nonchalance. Suffit d’écouter Radio América ainsi que Tell the King pour s’en convaincre, ces deux morceaux jouant le rôle d’une sorte de trève réparatrice de courte durée. C’est maintenant au tour d’Up the bracket, introduit par le cri d’un mec bourré auquel on aurait piqué sa bière, qui vient entre les deux ballades comme un cheveux sur la soupe, de nous rappeler à quel point on est tous paumés dans ce bas monde.
Arrivent ensuite les enragés The Boy looked at Johnny et Begging, l’un est à la limite du comique, sans pour autant tomber dans le ridicule, et l’autre, malgré une apparente tension, sais conserver tous les pouvoirs de la mélodie. On arrive à la fin de l’album, là, les Libs nous servent une dernière ballade pour la route : The good old days, les adieux sont proches mais la tristesse ne durera pas car, comme pour nous remettre les idées en place une dernière fois, on assiste impuissant à la chanson punk par excellence, l’hymne tant attendue, une sorte de code de conduite : « laissez moi me débrouiller».
Les Libertines font ce qu’ils veulent et ils le font bien. Certains titres tels que les excellents Boys in the Band ou encore I get along sont mêmes devenus de vrais hymnes d’une nouvelle génération aussi perdue que les précédentes.
Bravo les mecs.
- gia, le 9 07 2005