En 1997, "City" est le disque le plus extrême de sa génération, un disque trop fort pour son époque, toujours d’actualité aujourd’hui. Ce qui fascine tout de suite chez Strapping Young Lad, c’est la puissance et l’intensité sonique, l’abandon total avec lequel Devin Townsend joue et chante, la précision technique des guitares, la rapidité et le poids de la batterie. Ce disque m’a suivi pendant toutes ces années sans prendre une ride, provoquant l’effroi des malheureux à qui je l’ai fait écouter. Un disque aussi punitif ne s’adresse pas à un public très large, mais pour ma part je le trouve beaucoup plus accessible et intéressant que la plupart de la production death/black metal, genre trop brouillon à mon goût. Même au summum de l’agression il subsiste un ordre et une clarté, ce qui est difficile à réaliser à une telle vitesse, c’est comme de donner un côté musical à un bombardement. Devin Townsend y parvient grâce à une palette vocale aussi large que celle de Rob Halford, navigant entre hurlements et chants avec beaucoup de facilité.
"City" comporte aussi des moments mélodiques comme l’étonnante reprise de Cop Shoot Cop, "Room 429", avec ses paroles lourdes de signification. Il y a beaucoup de changements de rythme sur ce disque, ce qui permet aux auditeurs de ne pas être complètement assommés par la musique. Bien sûr, ce n’est pas le disque qu’on écoute tous les jours, mais il procure un défoulement intense, et il est difficile de ne pas laisser cette fièvre apocalyptique nous envahir, même après de nombreuses écoutes.
- JP, le 27 03 2005