Quintette lausannois formé à la suite d’une collaboration entre Honey for Petzi et deux membres de Parazit, Machnick crée de la musique principalement instrumentale, un post rock acoustique d’une très grande finesse, qui flirte avec le folk et l’expérimentation. L’ajout de claviers permet au groupe d’explorer des horizons très variés, avec toujours un sens de la mélodie très aigu.
"Vice-presidente" démontre avec brio une belle alchimie entre une batterie légère et des guitares acoustiques aux mélodies accrocheuses, pour une musique douce et bondissante, évoquant un bel après-midi d’été. "Golden lover", qui reprend les mêmes éléments, est une ballade aux accents plus mélancoliques. Machnick est également à l’aise avec le rock comme sur "Sauvabelin", l’un des deux morceaux du disque avec des paroles, qui s’approche de la pop tout en gardant un son original.
Puis c’est la descente dans un monde plus sombre, avec le post-rockéen explosif et noisy "Wampire Spectre" suivi du second morceau chanté, peut-être le plus beau de tous, "David Sifflet", une voix entre chuchotement et plainte, soutenue par une instrumentation minimaliste et en même temps très riche, des mélodies à la guitare à tomber par terre, suivies par une batterie et une basse, créant une ballade à l’ambiance très sombre entre folk et post rock (post folk ?). Puis c’est déjà (le temps passe vite) le dernier morceau, "Liquidation totale", qui laisse une plus large place à l’expérimentation (notamment aux synthés) et à des rythmes plus complexes, mais qui garde toujours un côté mélodique grâce à l’alliance guitare électrique / guitare acoustique.
Ce qui fait la réussite de cet album est avant tout la finesse de la production, chaque note est hyper précise et cristalline, possède assez de place pour respirer et interagir avec les autres instruments. Les sonorités acoustiques sont du plus bel effet, notamment la batterie, les guitares et la basse. Les parties de guitare acoustique ont parfois un je-ne-sais-quoi de traditionnel, qui évoque le temps passé du blues et du folk le plus pur, un peu comme Gravenhurst sur Black Holes in the Sand.
C’est un disque à l’unité très forte, les morceaux s’enchaînent souvent sans transition, et explorent des terrains variés tout en gardant un son reconnaissable. Si on devait avoir un regret, ou plutôt un souhait pour l’avenir (pour autant que ce projet en ait un), ce serait d’entendre plus souvent des parties chantées, même si les morceaux instrumentaux ne souffrent en aucun cas d’insuffisance. Pour ma part, c’est un album de post rock intimiste aux accents folk, raffiné et évocateur, que je placerai sans hésiter aux côtés des plus grands du genre.
- JP, le 22 01 2005