La musique de Jack the Ripper avait atteint une belle plénitude : une pop orchestrée gavée de cordes et jamais plombée, cette musique se partageant entre quelques effluves de la République de Weimar et le Fog londonien peut-être (anglais quoiqu’il en soit).
C’est dire combien l’attente d'un nouvel album était fébrile et que la nouvelle d’un projet de ce type, aussi excitant soit-il, sonnait comme une douche froide tant l’alliage développé sur les trois albums précédents était attachant. Le projet ? En panne de chanteur le groupe s’associe à 12 chanteurs/chanteuses pour mettre en voix leurs mélodies. Une sorte de work in progress matinée d’United Nations of Pop.
Réel soulagement donc à l’écoute de ces 11 titres qui forment un solide ensemble et s’écoute de bout en bout sans aucun déplaisir nonobstant quelques pics qualitatifs et deux à trois morceaux en guise de simple transition.
Le meilleur ce sont les trois titres du début par exemple, « Alice & Lewis » avec Moriarty qui rappelle fort justement la musique de ce groupe franco-américain, une amorce épurée et un emballement efficace, une très belle entrée en matière. C’est aussi « Les Méfiants » chanté par Stuart Staples et qui réussit à sonner à la fois comme du JTR et du Tindersticks. C’est encore « The gambler » avec Phoebe Killdeer et cette pop de cabaret glauque tendance Entertainment menaçant, un superbe moment. Après écoute du disque, si nous faisons les comptes, c’est bon an mal an neuf titres réussis. Le compte est presque bon et les pistes restantes restent tout de même largement écoutables et appréciables (nos excuses à Syd Matters).
Voilà donc au final un projet presque entièrement réussi et la confirmation que les musiciens de Jack The Ripper comptent parmi les plus précieux d’une improbable scène pop française.
- Bruno Piszorowicz, le 22 12 2009