En voilà un qui est passé en trois ans de la pop orchestrée et soignée à la pop quasi-épurée et boisée, et cette évolution vers la spontanéité n’est pas pour nous déplaire. Nous avions laissé ce dandy blond suédois et son allure dégingandée à l’ombre des arbres à thé. Rêveur, un brin mélancolique voire fataliste, il nous avait touchés grâce à la finesse de ses métaphores poétiques approchant les hautes sphères du lyrisme moderne. A grand renfort de chœurs, violons et cuivres, il ravissait les plus torturés – mais dignes – d’entre nous.
Comme quoi, chaque chose en son temps, voici venue l'ère du May Day. Bien sûr, il joue sur les mots, puisqu’il a échangé le frisson des grands espaces contre la chaleur d’une terrasse de campagne où il pleut parfois, certes. Mais on le sent avancer d’un pas plus assuré, bien plus positif. S’il reste assez nostalgique dans l’âme et si cela fait bel et bien partie de sa patte, ses nouvelles chansons sont teintées d’une confiance en l’avenir et possiblement d’une foi en un monde meilleur, May Day en tête pour le prouver. On apprécie sur ce deuxième disque la pureté et la force tranquille de la guitare acoustique avec "Wombara" et "Silent as Gold", tout autant que quelques ballades entraînantes croisant des cuivres bien plus enlevés que précédemment, comme "Parliament" ou "Moonshot Falls". L’espoir l’aura emporté sur la mélancolie, comme en témoigne l’envolée progressive d’"Elisabeth".
Outre sa collaboration avec Marie Modiano pour une partie des textes de May Day, il est difficile, toutefois, de lui prêter des influences ou des liens de parenté musicale tant son univers est personnel et singulier. S’il se rapprochait vaguement de la fibre éthérée de Jay Jay Johanson avec son précédent album Going Where The Tea Trees Are, il ferait par exemple aujourd’hui un camarade parfait pour le solitaire et tout aussi rêveur Peter Adams, à qui il pourrait éventuellement transmettre sa récente maîtrise de l’ampleur ensoleillée.
- Sarah Despoisse, le 30 03 2009