Honeybee Girls est déjà le septième album de Shannon Wright, arrivant 2 ans après Let in the Light, disque qui marquait un certain apaisement chez l'Américaine. On retrouve ici la concision et l'art du songwriting épuré qui font désormais la marque de fabrique de Shannon Wright, avec 10 petites pièces tout en subtilité, où chaque son est un concentré de beauté maîtrisée.

Reste que plus les années passent, plus les albums de Shannon Wright raccourcissent: Honeybee Girls atteint péniblement la demi-heure. On peut toujours fabuler en imaginant la somme astronomique de B-Sides que Shannon Wright doit réserve dans ses tiroirs, un box-set de 10 CDs au bas mot... Mais aussi court soit-il, Honeybee Girls est une nouvelle étape dans la discographie de l'Américaine qui laisse entrevoir de très belles choses: la variation est ici de mise, le piano ou la guitare ne prennent pas toute la place, on retrouve même pour la première fois quelques touches électroniques sur le devant de la scène.

Sevrés de guitares hargneuses depuis Over the Sun, les fans auront le plaisir de retrouver plusieurs morceaux nerveux - "Embers in your Eyes", "Trumpets on New Year's Eve", mais Honeybee Girls donne aussi la part belle aux guitares acoustiques. Sans être révolutionnaire, "Black Rain" est un concentré de mélancolie douce tout simplement irrésistible. "Father" retrouve par contre Shannon Wright très loin des sentiers battus, avec une voix fantomatique qui plane au-dessus de boucles électroniques évoquant une nuit glaciale. C'est le morceau le plus inquiétant produit par l'Américaine depuis longtemps, une voie qu'on espère la voir poursuivre à l'avenir.

Si Honeybee Girls est un sans faute d'une variation rarement entendue sur la durée d'un seul album, la fin du disque revient dans la droite ligne de Let in the Light, avec un piano un peu trop omniprésent à mon goût. L'album se termine avec "Asleep", reprise du classique des Smiths, la bande-son parfaite pour un suicide réussi, histoire de rappeler que Shannon n'en a pas fini avec la noirceur, pour notre plus grand plaisir.

Un concert à ne pas manquer le 20 octobre 2009 au Romandie de Lausanne...

- JP, le 20 09 2009