MC Dälek et Oktopus sont de retour pour ce qu'on pourrait considérer comme la troisième partie d'une trilogie débutée par la noirceur absolue d'Absence, continuée par la fausse légèreté électronique d'Abandoned Langage et qui trouve dans Gutter Tactics une sorte de mixité entre les deux albums précédents avec un côté plus rock. Son urbain par excellence, Dälek étrille toujours les sons entre faux shoegaze, noisy industriel, force de frappe hip-hop et richesse de contenu. Chaînon manquant entre Nas et My Bloody Valentine, le tout sous influence Black Sabbath, Dälek bâti une œuvre avec laquelle il faudra compter dans les temps futurs…
Gutter Tactics frappe d'entrée en usant d'un prêchât du Révérend Jeremiah Wright, celui-là même qui fut renié par Barack Obama lors de sa campagne pour cause de point de vue un peu trop critique sur les States. Mais ce texte illustre à merveille l'histoire de l'Amérique, bâtie sur les guerres et la violence. Les ambiances plus légère d'Abandoned Langage n'existe plus en ce début d'album où les bombes pleuvent (l'aride "Armed With Krylon", l'opressant "No Question" ou encore le noisy "Whe Medgar Evers Was…"). Par la suite tout de même, la pression retombe un peu, quelques paroles hispaniques et un retour à l'hypnose pour les derniers titres empreints de noirceur crasse et poisseuse à la fausse mélancolie bourdonnante ("Atypical Stereotype").
Dälek mixe donc les diverses influences musicales ainsi que son passé dans ce Gutter Tactics qui, même s'il se révèle exigeant, complexe et réussi, tire malgré tout un peu trop à la corde déjà plusieurs fois utilisée par le passé. Comme le dit MC Dälek "lorsque nous nous prenons à aimer un certain son ou un certain style pendant un moment, on continue sur notre lancée jusqu'à son épuisement". Attention tout de même à ce que l'auditeur ne s'épuise avant l'auteur...
- le sto, le 2 04 2009