C'est à grand renfort de saturation et de machines pachydermiques que Dälek s'est imposé en 2005 comme une des plus importantes sorties de l'année pour tous les amateurs de musique un tant soit peu alternative. Les chanceux qui auront eu l'occasion de les voir en live témoigneront de la tornade que représente Dälek. Ces braves garçons pratiquent donc un hip-hop à la noirceur dégoulinante, un hip-hop d'assaut, passez-moi l'expression, qui puise ses échantillons dans les sphères les plus bruyantes de la musique rock. A l'arrivée, c'est une masse anthracite et abrasive composée de morceaux longs, longs, longs, écrasants, aux relents industriels pour le moins extrêmes, soutenue en prime par un MC dont le flow a assurément pris de la bouteille. La cohérence de l'ensemble est remarquable, elle tend à la claustrophobie et il faut bien dire que s'envoyer l'album d'une traite est une véritable épreuve. A réserver à un public averti, Dälek s'établit sans surprise en figure de proue d'un hip-hop "d'avant-garde" (méfions-nous de ce vilain concept), ou plus simplement "exigeant", dépourvu de fun et d'accroche directe, qui tente tant bien que mal de redresser le pont qui existait jadis entre rock et hip-hop, bien malmené dans le grand public à l'heure actuelle. Exemplaire et renversant.
- lina b. doll, le 8 02 2006