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Pyramids
4.2008
Notation
Rock   Metal   Experimental

J'ai très longuement hésité avant de vous parler de ce disque, tant il peut paraître inepte à bien des égards. Totalement déboussolé par cette musique, je suis tombé tout à l'heure sur une critique qui évoquait le fait que la musique de Pyramids ressemblait à deux morceaux totalement distincts enregistrés sur une seule piste. J'adhère à cette vision, et je puis vous dire précisément de qui les dits morceaux pourraient être: Blut Aus Nord et Jesu. Le soi-disant quatuor mêle des atmosphères éthérées tout à fait réussies, dans une veine proche de Nadja également, à une batterie électronique hyper linéaire et rapide qui évoque le black metal le plus radical, et les guitares agonisantes de groupes comme Blut Aus Nord, Darkspace, Velvet Cacoon et autre Lurker of Chalice. Autant dire que le mélange des genres est ici pour le moins improbable.

Mais au final ça donne quoi, me direz-vous? Et bien rien du tout, évidemment, les atmosphères franchement grandiloquentes développées par moments sont en permanence ramenée plus bas que terre par l'oppressant martèlement des percussions électroniques, qui à aucun moment ne prendront la peine de s'intégrer réellement dans ce que l'on pourrait appeler modestement une chanson. L'intérêt du disque est assez simple: écouter une fois pour voir de quoi il retourne, et le rendre à l'abîme duquel il n'aurait jamais dû sortir, avec un froncement de sourcil qu'il vous faudra plusieurs jours pour effacer.

L'histoire s'arrêterait là si le disque n'était pas accompagné d'un disque de remixes, dont je vous dévoile de suite le line-up: Toby Driver (Kayo Dot), Ted Parsons (Swans / Jesu) & Colin Marston (Behold... The Arctopus), James Plotkin, Jesu, Loveliescrushing, Birchville Cat Motel, Blut Aus Nord (allons donc?) et Ted Scarlett... Si ces noms ne résonnent pas tous de manière très concrète à vos oreilles, il est cependant intéressant de noter que le simple fait de retravailler la matière sonore de Pyramids semble permettre d'en faire quelque chose d'audible. Ce second disque est donc sensiblement plus consistant, et en dépit de la disparité des travaux proposés, on pourra éventuellement considérer que l'on a affaire à une compilation proposant des inédits des artistes en présence, aussi bien en raison de la distance extrême entre le matériau de base et le produit que par la complète inanité des morceaux originaux.

Un disque donc très étrange, essai non transformé ou prétexte à une série de remixes de luxe, il faut bien avouer que l'on a guère de raison de penser que Pyramids puisse être un vrai groupe. Personnellement j'opterai volontiers pour un side-project sous pseudos de quelques unes des joueuses têtes de pont du label Hydra Head.

- lina b. doll, le 12 11 2008