Sunset Rubdown qui, d'un coup, nous avait réconcilié avec le cosmos il y a déjà une année, nous livre cet automne son deuxième opus. Il s'agit en réalité du second album en tant que groupe, car le premier disque (Snakes Got a Leg) était un projet entièrement solo du leader Spencer Krug, l'un des meilleurs compositeurs que le rock indé ait révélé depuis longtemps. La même beauté fissurée de grâce qui parcourait Shut Up I am Dreaming nous assaillit dès la première écoute de ce copieux Random Spirit Lover.
Pourtant le groupe n'est pas resté bloqué dans les mêmes abysses créateurs. C'est un autre état d'esprit, un médium d'effets sonores modifié, ainsi qu'un délire plus foisonnant qui habitent les nouveaux morceaux de ce – littéralement – couché de soleil frictionné. Le côté pop incantatoire s'est désormais travesti en post-punk sous absinthe, tout en préservant la richesse de mélodies toujours surprenantes de sinuosité.
Une fougue plus proche de ce que Spencer exécute au sein de Wolf Parade est aussi au rendez-vous. L'urgence de s'exprimer, impulsive et jouissive, se fait plus palpable. La finesse des compositions présentes sur le disque précédent se mue ici en abondance sonore, assez semblable parfois au son psychédélique de Frog Eyes.
Une œuvre dense, aux morceaux qui forment un tout fort cohérent (d'où l'inutilité totale d'en dégager du lot) et qui ne se laisse bien-sûr pas apprivoiser au premier assaut. Sunset Rubdown évolue sans sacrifier la grandiloquence qui définit sa musique. Une sorte de carnaval sans masque qui, sous une surface affranchie du grotesque, déshabille la vie par l'assemblage alchimique de textures hertziennes avec un Verbe qui consume tout sur son passage.
[Pour écouter des extraits, suivez ce lien]
- yak, le 27 09 2007