Brightblack MorningLight > s/t

s/t
6.2006
Notation
Rock   

Encore un nom de groupe derrière lequel communie une bande de néo-freak, c’est à craindre… De vulgaires suiveurs qui ont su plonger à temps dans la brèche toujours pas colmatée ouverte par Devendra Banhart, Vetiver, Joanna Newsom ou autres collectifs animaliers, me direz-vous. Un énième clone se proclamant membre authentique de la grande famille de la New Weird America… On parie? Alors investiguons…

D’emblée, mettons les choses au clair: on est loin du pur folk! La gratte de Nathan Shineywater est électrifiée et crache un son rond et chaud, portant quelques aspérités. Le clavier Fender Rhodes de sa pote d’enfance, Rachel Hughes, distille ses caresses sucrées et réverbérées, un vrai délice. Du coup, on se dit que cette douteuse étiquette englobant cette scène de «Nouveaux Américains bizarres», est bien vague et approximative. Au final, elle nous semble uniquement réunir des musiciens nettement plus chevelus que la moyenne...

Et si ce disque est joué par les occupants d’un tipi (les deux fondateurs auraient du sang amérindien dans les veines et ont écrit ces morceaux en vivant à la nomade), il nous fait logiquement penser aux amateurs de peyote que furent les Doors. Brightblack Morning Light apparaît alors comme la fusion réussie entre l’esprit psychédélique théâtral et bluesy de la troupe à Morrison et le power flower acoustique du type « Allez brothers’n’sisters! Chantons tous en chœur! »

Les voix singularisent pourtant ce groupe. Elles sont comme chuchotées, elles effleurent la surface, avec une touche de gospel qui prend les tripes avec précautions. Elles planent avec une nonchalance feinte et une allégresse qui touche. Niveau orchestration, la manière qu’à Brightlight Morning Light d’occuper l’espace tout en prenant son temps, avec un line-up somme toute assez minimal, impressionne vraiment.

Le tout peut sonner répétitif, c'est vrai. Les morceaux ne se différencient pas d’entrée de jeu. Il faut prendre cette œuvre globalement et se laisser plonger dans l’ambiance lancinante et apaisante. Celle-ci atteint peut-être son paroxysme sur l’axe de symétrie que sont «Star Blanket River Child» et «All We Have Broken Shines». Un chouette trip à la belle étoile!

[«All We Have Broken Shines» en écoute sur leur espace]


- yak, le 24 05 2007