Super Ready / Fragmenté, comme son nom de baptême plutôt barbare le laisse supposer, réconcilie les Gods avec l’électro-indus abrasive de leur milieu de carrière. Le courant est rebranché pile entre L’Eau Rouge et TV Sky. Ce retour de flamme après 22 ans de service nous laisse plutôt rêveurs sur la capacité de groupe à se réinventer, preuve en est le respect qu’il recueille bien au-delà de nos frontières : Noir Désir, les Chemical Brothers ou Mike Patton (qui distribue le groupe aux Etats-Unis via son label Ipecac),
Ne comptez donc pas vous replonger dans les consonances électroniques de leurs trois derniers opus : atmosphères et rondeurs font place au puissant retour de larsens, décuplés par une production brute et plus rock dans l’esprit (assurée par Roli Mosimann). Les deux premiers titres foncent droit dans l’espace tendu qui peut exister entre un riff de Led Zeppelin et un sampleur dopé de Ministry. La redoutable batterie de Bernard Trontin, clairement mise en avant et sans artifices, assume un rythme haletant. Franz Treichler demeure un jeune diable sur lequel l’âge n’a pas de prise, jouant avec un plaisir évident son rôle de chaman.
Tout n’est pourtant pas linéaire, on s’arrête quelque part dans les nuages apaisants d’un sitar («Stay with us»), la chanson éponyme ralentit le tempo et développe un chorus à faire trépasser vos enceintes. On aime aussi beaucoup «About Time», qui aurait pu figurer aux côtés de «Skinflowers» lors de la période indus du groupe (TV Sky).
A l’image d’une pochette d’album en paillettes qui laisse supposer une réelle menace, Super Ready / Fragmenté se révèle être un album de transe totalement terrestre, séquelle de nos instincts guerriers. Perdant un peu de sa complexité au profit d’une efficacité redoutable, le gang de Treichler est bien loin d’avoir tout dit et reste hautement recommandable. Plus fort que Nine Inch Nails ?
- runeii, le 9 05 2007