Dans le vaste monde des ambiances électroniques, on trouve des disques qui collent à ce genre musical très vague et plutôt péjoratif appelé "ambient" : non-intrusifs, ils peuvent rester à l’arrière plan ; et puis il y a ceux qui provoquent un investissement affectif des auditeurs, des mélodies qui nous poussent à les suivre - Copia en fait définitivement partie.
Aux confluents de l’électronique et des orchestrations à cordes, Copia reste basé sur des sons électroniques, des plages de synthé accompagnées de notes de piano, ou d’autres instruments, toujours utilisés avec parcimonie, dans un flux continu. "Indoor Swimming at the Space Station" évoque parfaitement cette sensation de flux, provoquant au fil des minutes une délicieuse torpeur et un sentiment de sécurité. Copia peut être abordé comme un disque de musique classique, avec ses différents préludes, mouvements, requiems et autres hymnes, un flux continu de cordes, piano, cuivres et plages de synthé dont émergent des mélodies simples, souvent émouvantes. "Prelude for Time Feelers" consiste en une belle mélodie au piano plutôt nostalgique se terminant en crescendo, tout comme le magnifique "Radio Ballet", deux morceaux très expressifs et singulièrement poignants, empruntant autant au classique qu’à l’électronique. "After Nature" est une douce vague de violons de 2 minutes à peine, "Seeing you off the Edges" un thème qu’on aurait pu mettre dans la scène finale de Blade Runner (la scène du toit avec le superbe soundtrack de Vangelis), et les deux parviennent à nous faire dresser les cheveux sur la nuque en un rien de temps.
Etonnamment, et ce malgré le calme apparent de cette musique, l’intensité émotionnelle est telle qu’il est parfois difficile d’écouter l’album de bout en bout, certains morceaux à la fin étant peut-être de trop (les orgues étouffants de "Ostinato") si on l’écoute d’une traite. Pourtant Copia sort définitivement du lot : rares sont les disques ambient d’une telle unité, d’une telle consistance, à mi-chemin entre les orchestrations d’un Vangelis et les plages électroniques d’un Brian Eno. Vous l’aurez compris, pas de minimalisme ici, les émotions sont clairement exprimées et s’invitent de gré ou de force dans le salon de l’auditeur. Alors attendez le bon moment, la bonne humeur, et ce disque sera le dépaysement parfait.
- JP, le 3 03 2007