Jonathan Morali, alias Syd Matters, a-t-il su anticiper les obstacles souvent inhérents à l’enregistrement d’un deuxième opus ? Après avoir été encensé par une partie de la critique et élu «révélation de l’année» par les lecteurs des Inrockuptibles pour son A Whisper And A Sigh en 2003, on espérait beaucoup de celui qui cite comme sources d’influences des artistes aussi illustres que Pink Floyd et son génial fondateur Syd Barrett – évidemment, car «Syd compte» –, Robert Wyatt ou encore Radiohead.
D’emblée, on est rassuré. L’ambiance est chaude et mélancolique. Des arpèges de guitare sèche et une voix légèrement rauque nous caressent les tympans sur «City Talks». On retrouve ensuite les sons caractéristiques de claviers bon marchés sur le morceau «Obstacles», mais ceux-ci sont arrangés avec classe et parviennent à nous faire progressivement décoller. On sent que les musiciens, qui accompagnent le multi instrumentiste Jonathan sur scène, ont cette fois davantage collaboré. Le plaisir qu’ils ont à jouer ensemble est particulièrement bien illustré sur le morceau fantôme qui est, une fois n’est pas coutume, l’un des meilleurs de l’album et surtout le plus énergique.
Un seul titre est peut-être légèrement en dessous du reste, car il sonne comme assez convenu et on peine à y déceler l’unicité de l’auteur-compositeur. «English Way» se révèle effectivement être un hommage malgré tout un peu trop explicite à ses références. Cependant, ce morceau témoigne en quelque sorte de la démarche du chanteur, car : «If it’s too hard to say, then say it in an english way» ! On regrette pour Syd que «all the world friends wouldn’t dare to say I care», mais nous, après l’écoute de ce très beau «I Care», ou d’une des chansons qui suivent comme «Someday Sometimes», on se dit définitivement que l’on est en compagnie d’un songwriter à suivre.
[Morceaux à écouter]
- yak, le 10 11 2006