Bien plus que troublants, la musique et l'univers de Sopor Aeternus jettent un froid aussi glacial que la mort elle-même. Personnage intriguant, multi-instrumentiste aux limites de l'autisme et de la schizophrénie, Sopor Aeternus (alias Varney, ou plutôt Anna-Varney depuis 1997) semble parfois aussi sain psychiquement, qu'un homme à qui l'on aurait fait manger toute sa famille. En effet, sa voix et sa musique évoquent un être plus torturé encore que les sujets de l'enfer, souffrant des plus grandes douleurs de l'âme, endurant les pires tourments de l'esprit…Ce n'est d'ailleurs pas un hasard, si l’artiste n’est jamais apparu en public et n'a jamais donné de concert, une chose est sûre toutefois Sopor sait jouer de ce mystère.
Or là où la noirceur pourrait très facilement rimer avec lourdeur, là où tant d'artistes gothiques sombrent dans le caricatural, Sopor Aeternus reste harmonieux et sort de cette impasse sublimant la douleur – comme le font les romantiques – en ce qu'elle à de plus beau et de plus mélodique. Autre élément qui lui évite les pièges de ce style, Sopor semble réellement n'avoir rien à faire de ce que l'on peu penser et dire de lui, sa démarche étant avant tout personnelle. Certes le style est baroque et volontairement sur-joué, mais c'est un baroque qui catalyse l'essentiel, laissant la part belle aux instruments classiques (violoncelle, trompette,…) plutôt que de nous perdre dans les détails.
De Cranes à Jack The Ripper, ont pourrait perdre notre temps à chercher des ressemblances, mais finalement, s'il est un artiste inédit, c'est bien Sopor Aeternus.
- sai real, le 11 03 2006