Collection de reprises pondues par à l'origine par un artiste quasi inconnu dans nos régions, "Tiny Cities" s'inscrit pourtant dans la longue lignée des créations de Mark Kozelek. Peu d'entre nous ont (avec raison) entendu parler de Modest Mouse, et pourtant le songwriter des feu Red House Painters estime qu'il leur doit un album entier.
Alors : hommage, recyclage ou pure lubie? Avant de juger, on va rappeler que l'américain s'est par le passé "offert" des titres d'ACDC (l'album "What's next to the moon"), Genesis ou encore Kiss (le EP "Shock Me")! Devenues entièrement siennes et parfois totalement méconnaissables hormis les textes, les chansons devenaient étrangement tragiques lorsque contées par Kozelek, échos de rêves perdus et de jeunesse qui se fane.
Dès la première écoute, le groupe nous rassure vite : "Tiny Cities" se veut diablement bien fini et ficellé, pousuivant ainsi ce que Sun Kil Moon avait entamé avec "Ghosts of the Great Highway" en 2002. Certes, l'humeur se veut plus contemplative et moins rock'n roll. Dans des escapades propres à susciter le vâgue à l'âme et la ressurection de vieux souvenirs, Mark Kozelek n'est souvent accompagné que de sa seule guitare. Parfois, une batterie ou un délicieux ensemble de cordes viennent souligner ces petites miniatures folk (les titres durant entre une et 4 minutes).
La force évocative de ce "Tiny Cities" est pourtant démultipliée avant tout par la richesse de la voix de Kozelek, mixée entre proximité ou échos lointains, harmonie ou monotonie. Car c'est bien cette indolence et cette douceur de ton qui rend Mark kozelek si particulier : il y a un je ne sais quoi de franchement rassurant à l'entendre.
"Tiny Cities" se montre au final élégant, classieux et l'une des plus évocatrices productions du californien. Ce pari des reprises n'était pas gagné d'avance, preuve qu'après plus de 10 albums de rang, Mark Kozelek est incapable de se fourvoyer.
- runeii, le 27 11 2005