Après les excellents Opak, voici que pointe un autre groupe suisse qui devrait faire planer bien haut. Plus rock que les premiers, Shora plonge dans des méandres post-rock d'une beauté effrayante, alternant avec subtilité les tons et les couleurs d'une musique aérienne.
Malval c'est 33 minutes d'un long morceau divisé en quatre parties. "Parchelion" consiste en une introduction faisant monter en douceur les tours pour taper dans le post-rock en fin de partie. "Arch & Hum" calme un peu le tempo, mais dissimule une rythmique plus froide, mécanique avec des guitares tentant de s'échapper tant bien que mal des griffes d'une batterie implacable. L'auditeur se retrouve ensuite face à "Siphrodias", véritable course au temps où la guitare reprend ses droits et s'en va provoquer le reste de la section rythmique, s'imposant en incontestable leader d'un tempo fou et répétitif. Reprenant son souffle sur la fin du morceau, voici que déboule l'épilogue "Klarheit", ode au psychédélisme. Ce titre s'en va jouer avec les sonorités d'"Echoes" du Pink Floyd, laissant l'auditeur en apesanteur, sans véritable notion de temps ni d'espace. Quand une douce voix vient subtilement nous taper doucement l'épaule pour nous sortir de notre engourdissement et annoncer que la messe est dite.
Bien sûr la musique de Shora nous fait immanquablement penser à Godspeed You! Black Emperor, dans sa structure tout du moins, ainsi qu'au Pink Floyd de l'époque Atom-Meddle dans le style. Mais on aurait tort de s'en tenir à ces uniques points de repères, tant le groupe arrive à prendre ses distances par rapport à ces illustres références. Le mélange opère à merveille et l'on aimera se replonger encore et encore dans ces subtiles volutes rythmiques.
- le sto, le 16 11 2005