Emmerhoff et ses Melancholy Babies restent plutôt atypiques dans le paysage rock actuel, où l’on consomme à haute vitesse des kyrielles de groupe du mois tendance post-punk eighties. Ici, pas de comparaison possible avec les Killers, Editors et autres groupes en « The », et c’est tant mieux. Car Emmerhoff vient de Norvège et privilégie une période de l’histoire musicale autrement plus intéressante et encore peu recyclée par les effets de mode.
Vous y êtes ? On recule encore un peu l’horloge du temps et on reprend tout depuis le psychédélisme floydien de «The piper at the gates of dawn», sa douce mélancolie acidulée et ses sonorités qui vibrent. On l’agrémente avec des notes de guitare surf à la mode sixties, qui nous rappelent un peu des Beach Boys. Enfin, on y met une énergie qui flirte avec le bon gros rock seventies (l’ouverture «Meltdown» et son riff qui semble provenir droit du registre de Fast Eddie Clarke, entendez par là le fameux guitariste du «Ace of Spades» de Motorhead).
Et la mayonnaise prend, c’est un fait. «Electric Reverie» est par ailleurs clairement au point au niveau de la production ; un fort sentiment de cohésion habite tout le disque. On reste pantois devant tant de possibilités au niveau des agencements et sons de guitare (réverb’, disto, acoustique, surf, etc.). Ainsi, « Afterglow » constitue clairement le point fort du disque, ode à la rêverie et au vagabondage de l’esprit, le sourire aux lèvres (toute substance illicite étant bien évidemment recommandée). Pourtant, quelques erreurs de parcours sont à relever, la faute à une tendance à vouloir rallonger les titres en explorant trop de directions différentes («New Silence»). Clairement, les titres plus courts et plus compacts («Sticks & Stones», «Black Mark» ou une reprise étonnante du «Cowboys» de Portishead) nous indiquent qu’Emmerhoff et ses Melancholy Babies font de ce 4ème album bien mieux qu’une simple machine à remonter le temps.
- runeii, le 13 10 2005