Sous ce nom plutôt mystérieux se cache un personnage au doux pseudo de B’eirth ; cet américain présente depuis plusieurs années des compositions publiées sous d’obscurs petits labels ; ainsi, le label genevois Shayo Records réédite cet album pour notre plus grand plaisir (2002 pour la première édition).
In Gowan Ring vogue allégrement du côté du folk, tout en intégrant des influences médiévales et flirtant de temps à autre en territoire gothique. Pourtant, malgré cet héritage, les neuf compos de « Hazel steps… » respirent, demeurant aérées et ouvertes. On ne s’engage jamais entièrement sur une seule de ces voies.
Ce folk ralenti et sombre m’évoque à vrai dire parfois celui de Brendan Perry, auquel on aurait adjoint des instruments d’époque (harpe, flûte, section de cordes) en plus de la guitare acoustique. Le timbre vocal se fait ici plus fragile et doux que chez l’ancien leader des Dead Can Dance : les complaintes de B’eirth se veulent lancinantes, d’un caractère le plus souvent paisible. Le contenu reste lyrique et mélancolique à souhait. Pourtant, on ne pleure jamais chez In Gowan Ring ; on regrette, on se souvient, toujours avec un léger vague à l’âme. On s’envole même quelquefois lorsque le chant se voit démultiplié en harmonies vocales, dynamiques que ne renieraient pas Simon & Garfunkel ou les Kings of Convenience.
Pourtant, on peut reprocher la longueur de certains titres (entre 5 et 6 minutes en moyenne) qui n’apportent rien au final, alourdissent l’écoute et donnent furieusement envie de zapper. Ainsi, on revient à l’ouverture (« The Orb Weavers »), une rencontre médiévale étonnante entre un quatuor à cordes et une section de cuivres, qui précède une procession aux accents psychédéliques bien décidée à nous hypnotiser (« Hazel Steps »). On s’arrête aussi sur le final dépouillé, l’homme étant accompagné de son seul piano au sein de l’obscurité.
Au final, on se laisse facilement bercer par ces confortables écrins dans lesquels on se sent à l’aise ; attention toutefois à ne pas abuser de cette tristesse sans âge, délicieux poison qui pourrait bien nous emporter si l’on y prenait garde.
- runeii, le 15 09 2005