Il y a déjà quelque temps que Into the woods refuse de quitter ma platine, et ça se comprend : un mélange savant entre chansons qui restent dans la tête et autres qui donnent envie de bouger, c’est un disque étonnant et entraînant. Malgré son titre, ce n’est pas un disque de folk/slowcore torturé (même si les paroles sont d’une grande noirceur), mais le travail d’un songwriter qui a plus d’un tour dans son sac, maîtrisant bien les ficelles du rock et de la pop énergétique. Multi-instrumentaliste, Malcolm Middleton est membre du mythique groupe Arab Strap, et Into the Woods est son deuxième album solo.
La voix grave de Malcolm l’Ecossais et ses paroles sans compromis (« Woke up again today / Realize I hate myself / My face is a disease ») sont le contrepoids idéal à la musique, qui elle est plutôt légère et s’envole parfois très haut. Si le chanteur parle de la fragilité du bonheur et de coeurs brisés, les guitares et les batteries n’en ont cure et s’en donnent à coeur joie. Difficile de s’ennuyer une seconde sur ce disque qui part dans tous les sens, très mélodique. "Bear with me" et sa ligne de basse et de batterie entraînent des hochements de tête irrepressibles, même constat pour « A New Heart », sorte de punk affiné avec une ligne de piano tout aussi irresistible de spontanéité.
D’autres morceaux moins rock évoquent Nick Cave & The Bad Seeds - "Devastation" et "Autumn", deux très belles orchestrations avec piano, guitare et autres. "Choir" fait appelle à quelques rythmes électro discrets et davantage de synthés. En fait, il y a trop de bons morceaux pour tous les citer - mais mentionnons encore "Monday Night Nothing", qui lui s’ancre dans le story telling (avec violon, guitare acoustique et piano) aux paroles décapantes.
Into the Woods est un disque qui fait du bien, aux textures et rythmes variés, à l’opposé du minimalisme, mais avant tout c’est un opus engageant et rafraîchissant chanté en toute sincérité.
- JP, le 17 08 2005