Décidément, il semble qu'à chaque fois que Björk compose pour un film, son génie se dilue et s'altère étrangement. Après la BO relativement médiocre de Dancer in the Dark, la revoici qui signe la musique de Drawing Restraint 9. Le film en question est une œuvre cinématographique abstraite commandée par le Musée d'Art Contemporain de Kanazawa, en commémoration du soixantenaire des bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki. Il est réalisé par Matthew Barney, artiste contemporain inclassable et très en vogue, qui n'est autre que le mari de Björk… (Eh non, la petite islandaise n'est pas mariée à un agent d'assurance, mais l'épouse d'un artiste très conceptuel… C'est d'un convenu!). Le couple tient d'ailleurs les rôles principaux du film.
Le résultat de cette BO est un disque ambiant très calme, sur lequel la voix de Björk n'apparaît que rarement. Certes plutôt expérimental, il ne réserve toutefois pas de grosse surprise et bien des sonorités rappellent entre autre Vespertine. Dans la lignée vocale du dernier album Medulla, on retrouve sur Drawing Restraint 9 le chant de Tagaq et les clameurs étranges d'un interprète de nô, mais musicalement, la BO est toutefois radicalement différente. Composée pour le sho – instrument folklorique nippon composé de 17 flûtes – cette oeuvre est très narrative et exprime d'intéressantes variations d'atmosphères. Toutefois, sans les images elle apparaît inachevée et parfois un peu vide. Il est donc un peu frustrant de ne se contenter que du disque et sans doute vaut-il la peine d'attendre jusqu'en 2006 pour découvrir l'œuvre complète en Europe.
A noter encore que l'album de la bande originale ne comporte que onze des vingt-deux morceaux composés pour le film… Et c'est sûrement mieux comme cela.
- sai real, le 10 08 2005