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Live Through This
1994
Notation
Rock   Punk   Pop

Difficile de parler de ce groupe sans mentionner les scandales de son leader Courtney Love, son mariage avec le grand et trop vénéré Kurt Cobain puis la mort de celui-ci au moment de la sortie de l’album. Difficile de juger la musique sans juger l’artiste, en particulier dans ce cas précis. Difficile également d’avoir de la sympathie pour cette femme qui attire autant d’ennuis que de projecteurs, qui n’hésite pas à péter la gueule de ceux qui osent l’affronter, qui mène une vie plus rock’n’roll que n’importe lequel des rockeur, excepté peut-être Pete Doherty, à la limite. Eh bien dans mon cas, c’est justement pour ça que je l’aime, cette fouteuse de merde, car quoi qu’on dise, elle est et restera la reine du punk, celle qui s’éffondre pour mieux se relever, celle qui a survécu là où d’autres seraient déjà morts et enterrés. Chaque album témoigne d’une facette de sa personnalité, et celle révélée dans Live Through This est de loin la plus belle.

Sans rentrer dans son intimité, on devine des bribes de vie, on fait des liens, on transpose des événements de sa vie sur sa musique, et elle pendant ce temps s’égosille pour faire sortir ses frustrations et ses angoisses, que l’on partage. On ne comprendra pas forcément le sens des paroles mais la rage qui en ressort est universelle. On ratera cependant la poésie et les images destroy et névrotiques qu’elles nous transmettent sur fond de musique pouvant être qualifiée tour à tour de punk, rock, pop, ou grunge si l’on considère qu’il s’agit d’un style musical plus que d’une mode. On reconnaîtra peut-être certains titres comme Miss World ou Doll Parts, sorte de mini hits pour le groupe qui n’aura jamais connu le succès et la reconnaissance qu’ils méritaient pourtant. Ces ballades pop, avec Softer softest sont les meilleures que le groupe ait composé : vibrantes, farouches et d’une brutale honnêteté. Le don mélodique n’est pas a sous-estimer ici, parfois caché derrière les cris de la colérique Courtney, on le retrouve par moment en plein milieu d’une chanson, libéré des guitares saturées et chanté par une voix plus douce quoique menaçante. Quelques secondes pour retrouver notre souffle avant que cela ne reparte de plus belle. Avec délicatesse ou avec rage, le groupe nous engouffre dans son univers peuplé de dentelle déchirée, de lait empoisonné et de poupées déformées, un univers angoissé et troublant. Pour résumer, Hole est une masse de cellules grouillantes sur le point d’exploser, menaçante et magnifique.

- gia, le 9 07 2005