Les Daft Punk, on aime ou on déteste, mais jusqu’à aujourd’hui, le groupe pouvait se targuer d’un parcours sans tache. "Homework" en 1997 influença une multitude de groupes et lanca les deux DJ’s français sur orbite. Quatre ans plus tard, malgré une pression énorme, "Discovery" est bien accueilli, ainsi que la sortie du DVD "Interstella 555" deux ans plus tard.
Alors que les deux premiers disques du groupe avaient une très forte unité et un son très riche, "Human after all" ne semble pas avoir de direction, on ne sent pas de véritable évolution au niveau du son. "Make Love" par exemple, ressemble étrangement à "Night Vision" sur "Discovery", simplement allongé de cinq minutes avec les mêmes notes répétées à l’infini. Tout comme la mélodie de "Television rules the nation" est très peu éloignée du riff de "Da Funk", single emblèmatique des Daft Punk en... 1997.
De répétition il est vraiment question sur "Human After all", la plupart des morceaux ont tout dit après 30 secondes : un peu de vocoder, un riff de guitare-synthé, et c’est déjà terminé, bis repetita placent. La longueur des morceaux quelque peu "préformatté" (entre quatre et cinq minutes) nous fait imaginer les Daft Punk dans leur studio d’enregistrement, fatigués, un chrono à la main, laissant tourner les bandes jusqu’à la barre fatidique des 4:30, et pressant sur "Stop" ou "Fadeout" à ce moment-là . Quand ça dure plus longtemps, comme sur "Emotion" (7 interminables minutes), ça devient un véritable pensum dont on a du mal à voir le bout, la fin de l'album arrivant comme un libération.
"Human After All" est une sorte d’autoparodie, Daft Punk essayant de faire du Daft Punk, sans conviction. Des morceaux aussi plats musicalement que "Television rules the nation" et "Technologic" démontrent que le coeur n’y est pas : les synthés commencent à dater, les rythmes ont l’air de sortir d’une boîte à rythme des eighties, l’évolution est totalement absente de la musique, bref, on croirait avoir affaire à une mauvaise blague, à l’instar du nouveau disque de Prodigy. A moins d’être un fan absolu de Daft Punk, ce disque est à éviter d’urgence. Le titre de l’album est une sorte d’avertissement : "Human After All" - en fait pas si génial que ça, juste humain, trop humain.
- JP, le 21 03 2005