Laurent Garnier, vétéran de la scène house et techno, DJ accompli, nous livre ici un album cérébral qui prend le contre-pied du monde des dancefloors, entre musique de film, ambient et house. Neuf chansons qui n’ont l’air de rien mais qui contiennent des richesses insoupçonnées, révélées lors d’écoutes plus attentives.

Avare en émotions, c’est une musique froide et parfois mécanique, utilisant des synthés aux sonorités house avec un très léger côté old school. Heureusement, contrairement à beaucoup d’autres, Laurent Garnier ne se contente pas de faire du sous-Kraftwerk, il possède un style qui lui est propre, mûri au fil des années, même s’il on peut entendre des influences telles qu’Aphex Twin ("Barbiturik Blues"), les Boards of Canada ("Jeux d’enfants") et surtout Erik Satie (sur le très beau "Huis Clos").

Le propos reste varié tout au long de l’album, avec des excursions plus réussies que d’autres. Après une première partie de disque très abstraite, la collaboration avec Sangoma Everett sur "First Reaction" est pleine de tension, de menace sous-jacente, explosant avec des breakbeats, des notes de synthé triturées, et un saxophone déchaîné au son incroyable.

Si la première partie du disque est d’un très haut niveau, la suite déçoit un peu. "I wanna be waiting for my plane" est moins convaincante, sorte d’electro punk robotique avec une voix au son saturé. "Controlling the house" est un passage house plutôt fade, et "Jeux d’enfants" n’arrive pas vraiment à nous transporter. N’empêche que "The Cloud Making Machine" est une alternative intéressante dans le monde de l’electro, un véritable album concept, on y retrouve une production de haut niveau et beaucoup d’idées nouvelles, pas forcément accessibles au premier abord.

- JP, le 17 03 2005