Depuis la sortie de leur premier album Picket Fences il y a 3 ans, les suisses de Toboggan se sont bien baladés en Europe en tournée pour terminer sur les ondes de la BBC par l'intermédiaire du regretté John Peel. Encore fallait-il confirmer ce premier album prometteur, cela semble chose faite aujourd'hui. Le style post-rock instrumental, marque de fabrique du groupe, a été trituré dans tous les sens pour en ressortir de belle manière la substantifique mœlle.
Bien entendu, l'inconvénient majeur de ce courant musical est qu'il ne laisse pas énormément de marges de manœuvre. De manière générale, nous assistons à de cristallines guitares qui, d'un calme relatif, nous emmène vers des déluges sonores apocalyptiques et, après défoulement, reviennent à leur propos de départ. Certes cela offre tout de même certaines possibilités que Toboggan a su saisir.
Si le concept global décrit ci-dessus s'applique à l'ensemble de Still Gleams on Hommocks, le groupe lausannois réussi à ne jamais nous ennuyer et, à l'écoute, on a l'impression d'assister à une sorte de film connu dont on aimerait tout de même bien connaître la fin. La voix de "La visite", proche de celle du chanteur des Magicrays, nous emmène en douceur vers des titres plus hargneux à l'image de "Bautin". On appréciera les titres alambiqués tels que le très beau "Trondheim" ou le prenant "The Path (to Mill Valley)". Jamais pourtant l'explosion ne sera totale, comme si le groupe cachait son jeu et se refusait à nous montrer ses pièces maîtresses, préférant la subtilité du non-dit, au fait d'afficher crânement ses guitares.
Un beau disque donc, dans la veine des Mogwai ou Explosion in the Sky, qui devrait prendre toute sa dimension sur les scènes romandes et européennes dans les prochains mois.
- le sto, le 25 01 2005