Hong Kong 1966, un écrivain dans sa petite chambre d'hôtel se souvient des femmes qu'il a côtoyées et de ses amours perdues… Comme le film de Wong Kar-Wai, la bande originale de 2046, emprunte de nostalgie, est un véritable petit bijou d'ambiances. Signée par Shigeru Umebayashi, qui avait déjà instrumentalisé "In the mood for love", elle rend ici hommage à certains grands compositeurs de musique de film, comme Raben, dont quelques titres sont repris dans leur version originale.
Le thème principal, puissant et lancinant évoque quant à lui une atmosphère dramatique, ponctuée de temps en temps par une brève, puissante et grave salve de percussion. Ce leitmotiv donne ainsi le ton à l'œuvre dans son ensemble. En effet, malgré l'alternance des styles (samba, jazz, classique), chaque titre conserve en lui ce profond sentiment de langueur, donnant à ce disque une continuité surprenante et indéfinissable. Ainsi, l'on peine à savoir ce qui rapproche entre eux tous les morceaux de cette BO, mais il est indéniable qu'un même sentiment de mélancolie les habite. Sans doute le son chaleureux et parfois vieillot de l'ensemble y est pour quelque chose. Quoi qu'il en soit, il apparaît bien vite que la succession des genre et des thèmes de cette bande originale, n'est en aucun cas aléatoire. En effet, Wonk Kar-Wai ne laisse rien au hasard et soigne le détail jusqu'à l'extrême. Or cela se ressent également dans la BO de son film, qui nous transporte dans un seul et même voyage… Celui que fait l'écrivain, au cœur de ses souvenirs…
L'un des moments les plus forts de ce disque est sans doute l'air d'opéra "Casta Diva", extrait de "Norma" et interprété ici par la talentueuse et boulversante Angela Gheorghiu, digne épigone de Maria Callas. Les derniers titre de 2046 ne font que nous plonger plus encore dans cette ambiance de nostalgiques souvenirs, avec des compositions mélodramatiques comme "Adagio" ou avec le vieil enregistrement de "Christmas song" par Nat King Cole.
Finalement, comme pour le film, la bande originale de 2046 est un doux rêve dont on peine à se réveiller.
- sai real, le 10 12 2004