Eternel créateur, Sufjan Stevens avait composer des disques en l'honneur de deux Etats américains. Illinois(2005) et Michigan (2003) sont à ce jour, les deux perles issues de cette ambition, mais voilà que le prolifique compositeur-interprète, se penche déjà sur d'autres projets plus locaux…
Ainsi, ce nouvel album est inspiré et consacré à la route new-yorkaise, connue sous le nom de Brooklyn Queens Expressway. Plus précisément, The BQE est la bande originale du film réalisé par Sufjan Stevens et consacré à cet ouvrage urbain sans cesse encombré et planifié à la va-vite au nom de la reine automobile.
On ne s'étendra pas ici sur le dvd très conceptuel qui accompagne ce disque, a mi-chemin entre l'album photo et le documentaire. Mais penchons nous plutôt sur la musique.
L'aventure BQE n'a rien à voir avec la pop-folk lumineuse, à laquelle on associait jusqu'ici le nom Sufjan Stevens. L'artiste hors norme, qui se cache dernière un relatif anonymat, semble s'être lassé du format "chanson" et c'est tant mieux pour les plus intrépides d'entre nous.
On retrouve ainsi Sufjan Stevens, accompagné d'un orchestre symphonique d'une trentaine de musiciens, en route pour des compositions très cinématographiques (pour ne par dire parfois grandiloquentes). Les différents mouvements de cet album se succèdent donc avec des airs de musique contemporaine, chargés des influences de Charles Ives, de Philippe Glass et d'Eric Satie.
À certains moments, la bande originale de BQE se teinte de nuances jazzy. On pense alors au dernier projet de L'Orchestre National de Jazz, intitulé Around Robert Wyatt, ou encore au fantôme de Gershwin
Finalement, le disque dans son ensemble est assez inégal. Et c'est avec une certaine perplexité, que l'on navigue entre les instants de troublante sensibilité et les lourdeurs que nous réserve cette BO. Les deux intros sonnent un peu comme du remplissage et l'intérêt de The BQE ne commence de fait qu'au troisième titre.
On s'autorisera donc quelques ">>" sur notre télécommande. Toutefois, tout cela ne nous fait pas perdre de vue l'essentiel : Il y a sur ce disque quelques mouvements simplement envoûtants et merveilleux.
Bref, Sufjan Stevens évolue et sincèrement c'est tout ce que l'on attendait d'un artiste tel que lui.
- sai real, le 11 11 2009