Otis Spann fut pendant de nombreuses années le pianiste attitré de Muddy Waters et a commencé sa carrière solo sur le tard, vers la fin des années 50, trop tard, au vu de sa mort prématurée en 1970. Enregistré à New York en 1960 sur le label Candid, Walking the Blues est probablement l’un des plus grands disques de piano blues de tous les temps. Otis Spann est accompagné de Robert Lockwood Jr (guitare, voix) et de James Oden (voix). Le piano donne le rythme, accompagné parfois de la guitare. Le fait qu’il n’y ait ni batterie ni basse est sans doute un plus, il suffit d’écouter le résultat pour en être sûr - pas besoin ! "It must have been the devil", une chanson puissante et entraînante, la main gauche d’Otis Spann créant de ces rythmes puissants dont il a le secret, avec cettte façon de chanter charismatique et chaude. "Otis Blues" est à tomber par terre, pas de voix, simplement une composition au piano qui casse la barraque. "Going down slow" est la première collaboration où James Oden (alias St Louis Jimmy) chante. Ce n’est pas la plus réussie, mais heureusement Otis revient sur "Half ain’t been told", gardant son piano en retrait et mettant plus sa voix en avant. C’est superbe. Les collaborations avec Oden sont en dessous de celles où Otis Spann chante, mais restent quand même de bonnes chansons. Sur "This is the Blues", l’autre instrumentale du disque, on peut apprécier sa dextérité, et on est conquis par tant d’entrain. En plus d’être indispensable musicalement, ce disque est également un antidote parfait contre la mauvaise humeur ! Si vous en redemandez, le reste des sessions Candid se trouvent sur "Otis Spann is the Blues" enregistré la même année.
- JP, le 5 07 2004