Croisé à la galerie Chappe il y peu, Jarvis m’avait prévenu : « This one’s louder ». Et en effet, après un premier effort solo aux atmosphères en demi-teintes, voici débouler l’album bruyant de Cocker, un album qu’on appréciera mieux avec le volume poussé au maximum. This is hardcore ? Hum, on se calme, l’ambiance est plus à la blagounette rock qu’aux vertiges parano de l’opus noir de Pulp. Ici, c’est surtout du lourd – voire du lourdingue.
Parfois tout fonctionne à merveille et le disque décolle littéralement. A l’écoute des consécutifs "Leftovers" et "I Never Said I Was Deep", l’auditeur se sent même en plein chef d’œuvre : mélodies supérieures, arrangements épais mais liquoreux, textes cockersques… du nectar. Un bon tiers de l’album suffit donc à en faire, avec évidence, un incontournable, malgré un autre tiers plus embarrassant. En effet, parfois, ça ne marche pas : "Pilchard", "Angela", par exemple, on en cherche, étonnés, vainement l’intérêt. "Homewrecker" : rigolo mais pénible – heureusement qu’ailleurs ses cuivres braillards sont plus parcimonieux. Le reste ? De la pop aussi sympathique dans ses aspects musclés ("Caucasian Blues") que mélancoliques ("Hold Still"). Tout cela bien sûr ne nous rendra pas Pulp, et d’ailleurs là n’est pas la question, Jarvis Cocker fait ce qu’il veut.
Circonspection de toutes façons balayée avec une classe folle en fin de parcours par un "Slush" qui rappellera d’excellents souvenirs aux fans du défunt groupe du songwriter. Si le bon goût commande de lui préférer son prédécesseur, avouons que ce Further Complications possède ses charmes tordus, et ses moments de grâce extatiques, qui le rendent irrésistible.
- Rémi Boiteux, le 22 06 2009