Rakes (The) > Klang

Klang
4.2009
Notation
Rock   

Peut-on faire plus brittons que les Rakes, rejetons tardifs des Buzzcoks nés dans l'Angleterre de The Office ? Nos "seconds rateaux", qui évoluent depuis quelques années dans l'ombre de Franz Ferdinand, partageant avec les Ecossais arty une volonté manifeste de faire danser les filles sur des lignes de basse groovy, ont pourtant décidé, après Ten New Messages, de s'exiler à Berlin pour enregistrer Klang, leur troisième opus. Comme, avant eux, David Bowie ou Iggy Pop, le mur en moins - les Rakes ressortent toutefois les masses pour l'abattre à nouveau dans le morceau le plus pop du nouvel album : 1989.

Que reste-t-il de nos quatre "working class antiheros" une fois extraits de leur terreau londonien ? L'essentiel. Car si le précédent opus, Ten New Messages souffrait parfois d'une production un peu trop présente qui tendait à gommer la personnalité des arty-punks de Whitechapel, Klang, enregistré dans les conditions du live, est un régal de spontanéité malpolie. Plus proche de Capture/Release, le son du groupe est, comme d'habitude, au service de thèmes contemporains: la solitude du fumeur relégué en terrasse, l'ennui des soirées en ville, les gueules de bois amoureuses. Avec le charisme vocal d'un Jarvis Cocker, Alan Donohue sublime des textes sans détour, interprétés comme autant de saynètes sur la vie d'un dandy déjanté.

Certains pourront reprocher à Klang d'être un album sans tubes ; peut-être les Rakes se sont-ils fait une belle frayeur, à leurs débuts, avec Open Book, énorme carton devenu musique de pub, qui aurait pu les manger tout crus et les reléguer au rang peu enviable de "one hit wonders". Voilà sans doute pourquoi Ten New Messages sonnait presque comme un concept album (sur l'incommunicabilité dans le Londres post-attentats), et ce Klang comme un concert capté sur le vif. Cette volonté d'évoluer sur la forme et de ne pas se laisser bouffer par le système rend nos quatre visages pâles londoniens diablement attachants ; quand bien même ce petit changement d'air ne révolutionne pas vraiment leur son...


- Dorothée B., le 5 06 2009

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