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Imihs
4.2009
Notation
Rock   Post Rock

Par une maestria indiscutable, Shelving assure définitivement avec ce second album sa place au pinacle des formations du rock de haute voltige, ceci par l’assurance avec laquelle ils réconcilient prog rock instrumental et psychédélisme malfaisant. Un peu comme si Deep Purple et Black Sabbath rencontraient au coin du bois les montées d’arpèges de GY!BE et d’Explosion in the Sky et qu’ils décidaient de partouser dans les flammes avec Isis, ou, plus près d’eux, Shora, Knut ou Equus. Et c’est bien à partir d’une matière noire inquiétante que Imihs esquisse quelques traits de lumière, quelques nimbes d’espoir.

En plus d’un post-math-rock techniquement poussé (visez moi ces rythmiques impossibles!), on sent que le groupe flirte avec les sourdes boucles répétitives et synthétiques enseignées en leur temps par le krautrock, tout en les réactualisant ici. Par rapport à Mécanique Sessions, on remarque vite une volonté du groupe d’élargir leurs influences, pour plonger plus durablement dans une transe étouffante où orgues, hammond ou autres antiques claviers vrombissent, effet bluffant lors de live shows apocalyptiques. Et pour la petite histoire, Imihs a été enregistré en 4 jours dans une ferme perdue au fond du Jura, dans des conditions live. Cette spontanéité transpire clairement du début à la fin, comme une évidence, un aboutissement.

Ainsi, lors de ses lentes plongées en apnées de claviers chamaniques et de batterie hypnotique, le groupe ne fait qu’un, durant deux titres, 50 minutes, comme enfermé dans une maison sans fenêtre dont ils ne sortiront qu’une fois leurs fautes expiées ; les Ave Maria ne seront d’aucun secours, seules une déclinaison psychédélique de portées noires et blanches sonneront leur salut.

Seul bémol, s’il fallait en trouver un, les dix minutes finales de « II », comme si le groupe se remettait de son acte sonique et laissait le titre passer en replay, ajoutant quelques lignes comme pour prolonger une histoire où tout avait déjà été dit en 40 minutes.

- le sto & runeii, le 28 05 2009