Mogwai > The Hawk is Howling

The Hawk is Howling
10.2008
Notation
Rock   Post Rock

Les Écossais de Mogwai ont-ils déjà fait dans la médiocrité ? Jamais. Mais ont-ils déjà pondu un véritable chef-d'oeuvre. Non plus. Le principal atout de ces pionniers du post-rock reste la constance, alors que chacune de leurs productions nous a offert son lot de surprises et de découvertes. Avec The Hawk Is Howling, ils n'échappent pas à la règle. On retrouve la fluidité qui avait fait la renommée du groupe, capable de nous projeter des sommets les plus éthérées vers des bas-fonds de brutalité, et ce, avec la plus louable dextérité. Exit l'empressement à atteindre l'orgasme, The Hawk Is Howling prend les préliminaires à coeur et lubrifie sa machine avant d'exploser.

L'épique "I'm Jim Morrison, I'm Dead" pourrait bien être la meilleure introduction que Mogwai nous ait offerte depuis Young Team. Deux minutes: c'est ce qu'il leur faut pour nous mettre dans une ambiance gracieuse. Voilà tout ce qu'il nous fallait pour croire en la magie Mogwai. Mais s'ensuit "Batcat ", un morceau flirtant avec le métal qui ressemble à un left-over de Mr. Beast ou d'un album quelconque de Tool. Heureusement, ce faux-pas, qui tue le momentum créé par la pièce précédente, n'est pas répété par la suite et ne fait figure que d'anomalie au sein du recueil. "Danphe and the Brain" sauve immédiatement la mise avec son motif de guitare extrêmement bien ficelé qui accompagne à merveille une instrumentation composée de vagues synthétiques et de légères lampées de xylophones.

La très relaxe "Local Authority" ne fait que préparer le terrain à "The Sun Smells Too Loud ", genre de croisement entre Kraftwerk et Steely Dan où Mogwai se plaît à jouer dans des plates-bandes plus ensoleillées. Sur le triptyque final, la formation expose ses dernières armes, comme si elle désirait démontrer l'étendue de ses capacités. "Scotland's Shame" s'applique à expérimenter les variations sur une gamme mineur à l'aide de claviers et de guitares vintages. "Thank You Space Expert " se rapproche dangeureusement de Sigur Rós, la joie de vivre en moins, tandis qu'on traverse l'apocalypse en Harley-Davidson sur "The Precipice", où des guitares menaçantes finissent par s'entre-déchirer au summum du combat. Une finale explosive qui atteste encore une fois de la force de frappe des vieux trentenaires de Mogwai, et du même coup, de leur crédibilité.

Et pan ! Mogwai nous la refait. Alors qu'on croyait les avoir perdus, ils nous prouvent que le post-rock n'est pas mort et qu'ils font non seulement partie de la vieille garde du genre, aux côtés de Slint, GY!BE et Tortoise, mais qu'ils en perpétuent aussi la flamme en 2008. Sans réinventer leur style, ils ont tout simplement, avec The Hawk Is Howling, raffiné leur formule et les faiblesses qui en découlaient pour le plus grand bonheur des amateurs de rock instrumental. Le résultat est surprenant et nous rappelle pourquoi on avait eu le coup de foudre pour Mogwai il y a maintenant dix ans. Eh oui, déjà!

- Mathieu Dupont, le 10 11 2008

Multimedia:

This text is replaced by the Flash movie.