Y aurait-il une échappatoire possible pour le post-rock? Est-ce pour se faire pardonner les années de montées en puissance plan plan et d'atmosphères éthérées blablabla que de nombreux groupes assimilables au post-rock semblent engager une démarche très rock in opposition dans l'esprit, mêlant allègrement les influences d'une part, et des tendances allant de l'easy-listenning new-age le plus dégoulinant aux saturations noise les plus extrêmes d'autres part.
Doomsdayer's Holiday est en l'occurence un album de world music qui a mal tourné. Présentant des plages tout à fait écoutables qui revisitent une certaine musique orientalisante, parfois douteuse à la manière d'une bande-son de vieux film d'espionnage mal documenté, il se permet également l'une ou l'autre incursion dans le domaine du free-jazz, tout en ménageant une place à quelques grinçants intermèdes bruitistes. C'est donc sans surprise que la musique de Grails bascule parfois sans transition d'une ambiance rose bonbon Walt Disney à une chape de plomb façon sacrifice humain, sans oublier des morceaux de franche rigolade qui tiennent davantage des aventures de Jack Burton (les connaisseurs apprécieront).
Doomsdayer's Holiday est exactement le genre de disques que je garde plusieurs mois sur ma table de nuit, tant ils s'avèrent productifs dans ces moments ou votre conscience s'éteint progressivement pour faire place à une somnolence psychédélique, alors que les écouter dans le métro ne causerait qu'irritation et impatience. Il n'en faudrait pas beaucoup plus pour me réconcilier avec le post-rock.
- lina b. doll, le 29 10 2008