Aujourd’hui, il se trouve que les albums les plus vivifiants de la pop et du rock indépendant viennent du Canada. Et pourtant, le meilleur d’entre eux pour 2008 risque bien de rester dissimulé et de devenir le trésor dormant à découvrir.
La faute à un nom volontairement brouilleur de pistes, Woodpigeon, soit pigeon ramier, volatile commun d’entre les communs surpeuplant nos cités. Et pourtant, il roucoule et jabote de belle manière, à l’image de Mark Hamilton, vrai maître à bord dont on compare déjà les talents d’orchestrateur à ceux de Sufjan Stevens. Ainsi que l’hyperactivité : sortie de Songbook, premier album, en Europe fin septembre, production d’un 3ème opus, intitulé -en allemand !- Die Stadt Muzikanten, pour début 2009...
Et puis, c’est aussi un peu à cause des médias monomaniaques, tels les tenants du Prix Polaris, sorte d’awards à la canadienne dans le monde de l’indie, focalisé sur l’Est et qui sacrera certainement un Black Mountain, un Caribou, ou un Holy Fuck avec ses 20'000 dollars à la clé. Manque de bol, Woodpigeon tresse sa pop de chambre du côté de Calgary, la ville moins sexy du Pacifique où, dixit Hamilton, « les seuls châteaux que l’on peut y construire sont imaginaires, et nous devons les ériger par l’art et la musique ».
Reste donc la musique. Fabuleusement construit sur une base de folk-pop, Treasury Library Canada se résume à une quintessence d’arrangements toujours justement placés, un condensé unique de mélodies restant fredonnables sous la douche malgré une complexité chorale et musicale qui se révèle au fil des écoutes. On croirait au premier abord retrouver Calexico ou Iron & Wine (deux groupes vont débaucher Woodpigeon en ouverture live) mais le collectif Canadien s’en distingue bien vite par un refus d’une redite du passé et par leur volonté de prise de risques en direction du neuf.
Enfin, comme un Radiohead, le groupe a choisi de réaliser ce second album de manière totalement indépendante, sans label, directement sur leur site web (www.woodpigeon-songbook.com) en version MP3 ou en édition limitée à 1000 exemplaires. Je ne le dirai donc pas par deux fois : magnez vous et ne laissez pas passer votre album de l’année 2008 !
- runeii, le 25 08 2008