Drôle de parcours que celui de la bande à Kim Deal. A l’époque des Pixies, la bassiste monte les Breeders, reprenant ainsi le nom du groupe qu’elle avait formé avec sa sœur jumelle Kelly durant leur adolescence. Sorti en 1991, Pod se vend plus que le Bossanova des Lutins et devient culte quand Kurt Cobain le place dans son top ten. Puis, après que Black Francis ait sabordé son propre jouet, les Breeders sortent Last Splash boosté par le tube "CannonBall" qui inonde le monde radiophonique en 1993. Mais avec le succès, la drogue et l’alcool brouillent les pistes et le groupe entre en hibernation. Kim signe un anodin Pacer signé sous le nom des Amps tandis que sa sœur forme Kelly Deal 6000. En 2001, les Breeders reviennent avec un Title TK très humble mais réussi. Malheureusement, le succès n’est pas au rendez-vous et Warner les lâche… Puis les Pixies se reforment en 2004 avec une Kim sobre. En parallèle, les soeurettes ne veulent pas lâcher l’affaire et écrivent ensemble lorsque le temps leur permet. Les Breeders accouchent ainsi en 2008 d'un très bon disque de rock : Mountain Battles.
Steve Albini participe pour la troisième fois à l’aventure. Le son, direct et brut, est une nouvelle fois labellisé All Wave ; l’enregistrement s’est donc fait en analogique. Mais point de passéisme dans la musique des Breeders. Mountain Battles prouve encore plus que Title TK qu’on peut faire du rock sans brailler. Ainsi, tous ceux qui attendent un "Cannonball" bis seront une nouvelle fois déçus. Ici, pas de tubes potentiels, à part dans un monde parfait… Les sœurs jumelles aux voix siamoises préfèrent envelopper des chansons à l’allure faussement bancale mais véritablement envoûtante comme "Night of Joy" ou "Spark" qui parle d’un déménagement (toujours) désagréable. Les paroles sont d’ailleurs plus directes que dans les précédents efforts. Mountain Battles est peut être leur disque le plus varié. En témoigne ce magnifique "Here No More" très country qui évoque la maladie d’Alzheimer dont est atteinte la mère des sauvageonnes. "Bang On" propose un son de batterie très étrange et la bizarrerie d’Istanbul trouve un écho approfondi dans le morceau final qui donne son nom au disque. Entre-temps, on aura eu droit à deux très belles balades avec "We’re Gonna Rise" et "Regalame Esta Noche", une obscure reprise qui donne l’impression de passer sa nuit au bar dans un film de Robert Rodriguez.
Les Breeders reprennent également "It’s the Love" des Tasties, car attention, Mountain Battles n’est pas un de ces disques de vieux rockers mous du genou. Au détour de plusieurs titres, les Breeders prouvent à qui veut l’entendre qu’ils savent toujours rocker notre monde.
- Lionel Grenier, le 24 07 2008