Voici que d'un coup d'un seul, le paysage suisse se colorise parfois d'un bel aspect canadien. Non, certes les canadiens ne sont pas les uniques détenteurs du post-prog-rock, mais avouons qu'ils mettent une bonne longueur à tout le monde. Mettaient? En effet, un disque de la trempe de ce Eutheria remet sérieusement en question cette mainmise. Insérez déjà l'album dans votre lecteur, verdict : trois titres, 68 minutes ! Avec ça on a tout dit… et rien du tout!
Tout car on voit bien le genre post-prog-rock : lente progression, morceaux qui s'étirent, bridge juste avant ou juste après le climax, morceaux instrumentaux, successions de couches et d'instruments, recherche d'émotions, étalage de savoir faire, etc.
Rien car l'opus pourrait être un véritable chemin de croix. Il n'en est rien, la qualité du titre (décomposé en trois parties) est totale et l'équilibre de l'ensemble est un réel petit travail d'orfèvrerie. Pour imager, on a l'impression que Equus va plutôt lorgner côté King Crimson et GY!BE que côté Yes et Dream Theater ; l'histoire jugera. En tous les cas, Eutheria est un de ces albums qui, avec finesse, apporte une petite pierre à l'édifice complexe post-math-prog-dark-rock (ta mère!). Subtil et passionnant.
- le sto, le 14 04 2008