Ce qui se passe, en avril, outre ce troisième album du groupe de Mark Kozelek, c’est hésiter à mettre le nez dehors, sortir deux pas puis rentrer au chaud. Après Tiny Cities, en forme de point d’interrogation, l’ancien leader des Red House Painters, loin d’être tête brûlée, s’est résolu à attendre des jours meilleurs pour se découvrir.
Par conséquent, April retourne bêcher les bonnes vieilles traverses folk-rock au spleen élégant, le californien puisant sans vergogne dans le répertoire des Red House Painters période Old Ramon sans trop en modifier les bases, cultivant à nouveau la course de fond (titres allongés jusqu’à dix minutes, remplissant l’intégralité du support CD). Principalement acoustique, reposant sur des mid-tempos nonchalants, amenant deux titres plus rock (Kozelek fait partie de la génération traumatisée par le riff de Ohio de Neil Young), ce Sun Kil Moon s’avère un remake en moins inspiré du premier (et seul indispensable à ce jour) album du groupe, Ghosts of the Great Highway sorti il y a maintenant cinq ans. La présence du parrain Will Oldham ne change rien à l’affaire.
De là à penser que Kozelek décline, ce serait aller vite en besogne. Pour preuve, l’aérien "Blue Heron" et ses fines harmonies en escalade nous laisse pantois par sa facilité d’exécution. C’est, avec deux trois autres titres, notamment le trip dream-pop rêveur "Tonight in Bilbao", tout ce justifie la possession de cet April. Un disque frileux malgré ses belles promesses.
- runeii, le 11 04 2008